Publié le 1 juin 2023
Stom500, graffeur : "Quand tu es peintre, tu apprends toute ta vie !"
Crédit photo : Stom500 / à partir de "PAN PAN!"

Stom500, graffeur : "Quand tu es peintre, tu apprends toute ta vie !"

Interview de l'artiste mural !
Art
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Interview, Portfolio, Graffiti

Stom500 aka Thomas Locatelli est un graffeur de renom. Spray, posca, acrylique... de la fresque murale, aux toiles en passant par de vieilles cartes postales : le médium importe peu à l’artiste strasbourgeois. Nous l’avons rencontré au pied des Papeteries, à Annecy, bombe en main, lors de sa prestation dans le cadre du parcours artistique “La Virée”, initié par le collectif Art By Friends.

Ton univers est inspiré, en partie, des dessins animés… avec quelles œuvres as-tu grandi et dans quelles mesures t'influencent-elles encore ?
J'ai grandi avec les premiers dessins animés de l'émission « Ça Cartoon », comme Les Looney Tunes, Les Simpson, Les Disney aussi. Aujourd'hui, je bouge pas mal donc je m'inspire plus des endroits culturels et des natures mortes, des peintres de la Renaissance qu’on trouve aux musées. Même si j'ai quand même gardé ce style cartoon que je fais évoluer au fur et à mesure des années. C'est des choses plus techniques que du cartoon, même si la base de mon dessin est née de ça.

Comment es-tu passé de Thomas à Stom500 ?
C'est mes amis qui m'ont appelé Tom’s puis Stom assez rapidement. Et 500, c'est pour les 500 milligrammes des Dolipranes… ceux que je prends pour mes migraines (rire).

Quel a été le tournant professionnel, le moment où tu as pu vivre de ton art ?
(Hésitation) C'est venu petit à petit. À la base, j'étais graphiste et illustrateur. En parallèle, je développais mes peintures-graffiti en faisant des voyages et en allant peindre entre des lettrages. Et voilà, j'étais vraiment dans cet univers. Petit à petit, j'ai développé mon style à travers cette école-là. Puis on m'a proposé de faire des expositions dans des galeries. Aujourd'hui, je me consacre uniquement à mon travail de peintre : j’exerce sur toile pour les galeries, sur des murs, etc. L’idée c’est aussi d’explorer de nouveaux supports. Par exemple, j’aime bien tout ce qui est seconde main comme les vieilles cartes postales.
 

Crédit photo : © Stom500 / "The Wrong to the true"

Selon toi, le fond de l'œuvre prime, qu’importe la forme ou le support ?
(Hésitation) Ouais… En fait, c'est assez varié. Quand je travaille des expositions, je pousse une thématique à travers une série de deux ou trois toiles, parfois pour l'intégralité de l’expo. Sur un mur, ça va dépendre de l’endroit où je suis.

L'oiseau que je suis en train de peindre pour La Virée, à Annecy, c'est un oiseau spécifique à la région. Il y a quelque temps, j'étais au Mans et forcément j'ai fait un petit clin d'œil aux 24 heures du Mans. L’idée est de constamment réfléchir au fond.

Et si je ne me décris pas comme un artiste engagé, mon travail contient toujours des messages, même s'ils sont simples : le vivre ensemble et un peu d'écologie à travers les abeilles ou les animaux que je représente.

Quand tu es peintre, tu apprends toute ta vie ! 

Tu évoques sur ton site que l’essence même du Street Art est « souterrain ». Qu'entends-tu par là ?
Ah (rire). Je ne me souvenais pas avoir écrit ça… Disons que je viens du graffiti donc forcément j'ai un peu les codes de cet univers, celui où il ne fallait pas trop montrer sa tête, etc. Bon même si aujourd'hui c'est complètement grillé, j’ai lâché l'affaire (rire). J’ai gardé ce côté spontané dans mes peintures, la technique à la bombe. Quand tu es sur un mur et que tu peins, automatiquement tu es rattaché au muralisme, au graffiti ou au street art, qu’importe sa dénomination. Quand tu reviens à la toile, tu fais de la peinture donc tu es peintre. Pour moi, il faut arriver à capter cette énergie de la rue pour la mettre sur toile. L'école de la rue t'apprend qu'il faut toujours s'adapter au support sur lequel tu es. Voilà pourquoi j'aime bien découvrir d'autres supports, partir de ce qui existe déjà pour en faire une nouvelle création.
 

Crédit photo : © Stom500 / à partir de "Florida"

Tu y es encore, dans cette école de la rue ?
Quand tu es peintre, tu apprends toute ta vie ! Le jour où tu n’apprends plus, c’est qu’il y a un problème. C’est justement quand quelque chose coince que tu apprends des astuces pour devenir meilleur. La rue te fait évoluer, qu’importe ton âge ou ton expérience.

Quel est l’échec qui t’a permis de grandir ?
(Réfléxion), je ne sais pas. J’ai dû en prendre plein, des coups. Rien que la semaine dernière, j'étais en Serbie. Tu n'as pas les mêmes conditions de travail parce que tu n'as pas les mêmes nacelles, tu n'as pas les mêmes supports… il y a plein de choses qui changent. La semaine d'avant, j'avais une nacelle qui était dingue, un matos top et tout, mais il pleuvait à fond. C'était quasiment impossible de peindre. 

Chaque fois, il y a des mini-échecs… après, je ne crois pas avoir eu vraiment de gros échecs. J'ai simplement dû faire des gros loupés. (rire) Ça, ça arrive à tout le monde, et heureusement ! Après, en regardant les photos tu te dis « merde là, je me suis vraiment foiré » et ça te permet d'avancer. Puis, ça reste de la peinture… à part si tu casses un mur, c’est toujours rattrapable.

D’où vient l’humour dans tes créations ?
Vu qu'on est dans la rue, ce qui est le plus important, c'est le message que tu fais passer. Il y a toujours un aspect un peu débile sur mes animaux. C'est une bonne manière de faire passer une idée sans en mettre plein la gueule aux gens, mais qu’ils prennent conscience de ce qu'on vit. Souvent, je mets des animaux qui sont soit menacés, soit en voie d'extinction et qui sont un peu en galère. J'essaie de leur rendre leur beauté tout en gardant une dynamique positive. C'est hyper important. Quand quelqu'un passe dans la rue, même s'il a passé une sale journée, j’aimerais qu’il se dise « OK, ça me remet un petit coup de boost, de couleurs, de lumière ». Et l'humour est un bon outil pour ça.

On te retrouve prochainement au Street Art Fest' de Grenoble. Quels sont tes prochains projets ?
Je pars à Monaco la semaine prochaine pour un festival qui s'appelle UPAINT. L’idée c’est de peindre sur des supports assez petits, comme des toiles. Les productions seront vendues aux enchères et l’ensemble des dons sera reversé à la Fondation Prince Albert II (qui lutte pour la protection de l’environnement). Ensuite, je remonte à Grenoble pour faire une fresque sur la thématique des Fables de La Fontaine, et notamment « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf ». Après ça… ce sera l’été ! Je ne connais pas encore mon programme précis, mais j’irai sûrement peindre à Strasbourg, pour le plaisir. Car il ne faut jamais oublier l’aspect plaisir dans ce métier !
 

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