Publié le 15 janvier 2023
Julian a.i. art : l'artiste 3.0 qui travaille avec Midjourney et l'intelligence artificielle
Crédit photo : Julian a.i. art

Julian a.i. art : l'artiste 3.0 qui travaille avec Midjourney et l'intelligence artificielle

Une dose de Midjourney, une pincée de Photoshop
Art
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Portfolio

Julian a.i. art, est un passionné d’intelligence artificielle. Le jeune illustrateur, créateur digital basé à Berlin, a réalisé un défi artistique mêlant humour et originalité à l’aide de Midjourney (qui génère des images à partir de mots) puis il retouche les décors et autres détails avec le logiciel Photoshop. Dans sa nouvelle série, Star Wars, Harry Potter, Marvel et DC Comics se retrouvent dans le métro après leurs journées de travail. Rencontre.

Peux-tu te présenter ? Quel a été ton parcours et quelles études as-tu suivies ?
Je suis Julian van Dieken, photographe, cinéaste et producteur de médias à Hambourg, en Allemagne. J'ai étudié la production multimédia et suis passé par une école de cinéma. Je conçois des contenus multimédia pour le Web, je gère des productions vidéo en associant éducation et divertissement. Un exemple est « The Future of Storytelling », un cours en ligne (ou MOOC) sur la narration dans les séries télévisées, les livres, les jeux, la réalité augmentée et le transmédia. Avec 93 000 participants dans le monde entier, c'était l'un des cours les plus réussis de son genre en Europe.

Quelles sont tes influences artistiques ?
Ma mère est éducatrice et artiste, mon père était critique de cinéma. Très tôt, il m'a amené aux conférences de presse de nouveaux films, ce qui était très excitant pour moi quand j'étais petit. Ma mère m'a fourni beaucoup d'outils d'expression artistique : peinture, papier, livres inspirants et une énorme collection de ses propres matériaux, qu'elle a collectés un peu partout. Mais surtout, elle m'a appris la curiosité, la créativité et l'humour. 

Crédit photo : © Julian a.i art

Je suis influencé par la culture pop moderne et les artistes du XXème siècle, par des photographes comme Andreas Gursky, Peter Hurley, Thomas Demand, David LaChapelle, Martin Parr, Joey L. ou Sebastiao Salgado, et des artistes pop art comme Roy Lichtenstein, Andy Warhol et Keith Haring. Une influence particulière est « In Praise of Shadows » de Junichiro Tanizaki, qui décrit l'esthétique subtile de la culture orientale par rapport à l'esthétique occidentale. Une autre influence : les jeux vidéo, des classiques comme Super Mario, Yoshi's Island et Tetris, mais aussi tous les jeux modernes axés sur la narration comme God of War, Horizon Zero Dawn, Zelda : Breath of the Wild et The Last of Us.

D'où vient ta passion pour l'IA ?
J'ai une passion pour les outils techniques, le jeu et l'avenir. Parfois, j'expérimente de nouveaux outils juste pour le plaisir. Pas d'objectifs, pas de direction définie, juste pour le jeu. C'est ainsi que j'aborde la plupart des choses dans la vie.

Crédit photo : © Julian a.i art

C'est ainsi que j'ai découvert tous les outils d'IA pour le texte, les images et la musique. J'ai suivi de près le développement de ces outils pendant des années et j'ai sauté sur la première occasion de les tester moi-même lorsque les grandes entreprises ont ouvert leurs modèles pour les tester. Je suis fasciné par les résultats créatifs instantanés, la découverte, le fait qu’on peut « s'améliorer » dans la création d'IA et la vitesse folle de la visualisation quasi en temps réel! J'ai une très longue liste d'idées de photographie et de création de média non réalisée, dont 90% ne verront probablement jamais le jour. Pour moi, l'IA est un moyen de sortir certaines idées de ma tête !

Y a-t-il un message que tu aimerais faire passer à travers votre travail ?
En Allemagne, les nouvelles technologies suscitent beaucoup d'appréhension, notamment dans le domaine de l'éducation. Je suis toujours partisan d’essayer, jouer et créer et j’aimerais encourager les gens à essayer des choses, utiliser des outils qu'ils n'ont jamais utilisés auparavant et je souhaite encourager chacun à se forger sa propre opinion. 

De plus, il y a trop de bruit et de colère sur les réseaux sociaux qui reflètent le fondement du discours social, pour le meilleur et pour le pire. Alors il me semble que trouver en ligne du contenu amusant, éducatif, avec un côté ludique et humaniste est plus intéressant que d'inciter sans arrêt à la violence et au capitalisme.

Ta série sur les Super-Héros dans le métro a fait le buzz ces derniers mois, comment t’ait venue l'idée ?
J'ai toujours aimé les juxtapositions et les contrastes saisissants. Je suis attiré par l'absurdité, la bêtise, la culture pop et la photographie documentaire. En combinant ces choses, je suis arrivé aux images du métro. 
Les premières idées étaient des animaux anthropomorphes dans le métro de New York. L'étape suivante était de réfléchir à quoi ressembleraient nos grands héros s'ils avaient des journées de travail comme le reste du monde, simples humains ?
L'idée d'un Superman complètement épuisé dans un train bondé m'a fait rire, ce qui est toujours bon signe concernant les concepts et les idées. Je pense qu'il est très important de ne pas se prendre trop au sérieux, et ces photos sont une façon de laisser s’exprimer l’enfant de 8 ans qui sommeille toujours en moi.
 

Crédit photo : © Julian a.i art

Que penses-tu de Midjourney ? Et comment, en tant que designer, intègres-tu ces IA dans ton processus créatif ?
Je pense que c'est un outil fascinant. Jamais auparavant l'humanité n'a été capable de créer des visuels de cette qualité en temps réel. Dans les meilleurs moments, cela ressemble à une « machine magique » dans laquelle vous pouvez vous perdre pendant des heures. et des heures.

En tant que photographe, j'ai utilisé Midjourney pour des tableaux d'ambiance, des brainstormings visuels, et c'est parfois le point de départ pour d'autres compositions Photoshop ou un point final d'une création. J'attends avec impatience GPT4 - la nouvelle version de la célèbre technologie d'IA textuelle - et des outils comme un pinceau d'IA en temps réel intégré à Photoshop (c'est une idée de moi ; je ne sais pas s'il fonctionnera un jour !).

Je pense que les outils d'intelligence artificielle seront omniprésents à l'avenir et que nous ne ferons plus la distinction avec les outils numériques traditionnels . C'est le côté positif.
 

Le point négatif est que MidJourney, ainsi que toutes les autres plateformes d'IA, ont formé leurs modèles avec des millions d'images sans communiquer sur comment ils les avaient obtenues et il est fort probable qu'une partie de ces images soient protégées par le droit d'auteur. Aucun artiste ne s'est jamais vu demander s'il aimerait être inclus à ces plateformes. 

La transparence et une approche humaniste ne sont - encore une fois - pas au cœur des préoccupations de ces nouvelles entreprises.

Quels sont tes projets futurs ?
J'aimerais collaborer avec encore plus de nouveaux créateurs car la dynamique de mélanger les styles et rencontrer de nouvelles personnes est captivante. De plus, je lance une chaîne YouTube appelée « julian_ai_art », où je vais interviewer des personnes inspirantes du monde de l'IA et du design et développer des vidéos éducatives sur la façon d'utiliser ces outils. Je veux dessiner plus, incorporer mes propres photographies dans ces expériences et combiner « traditionnel » avec « nouvel art ».

L'ascension de Julian est fulgurante. L'artiste 3.0 voit même depuis le mois de février 2023 apparaître son oeuvre phare "Girl with a Glowing Earring" dans un musée au Pays-Bas à Ten Haag. Cette oeuvre, revisitée à partir du tableau original "La Jeune Fille à la perle" de Jan Vermeer, s'inscrit dans une exposition consacrée entièrement au peintre. (Voir cette publication sur Instagram)


Propos recueillis par Carole Cailloux

 

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