Publié le 28 mars 2023
La Grande Sophie s'exprime sur son nouvel album : "J’avais besoin de quelque chose de chaleureux."

La Grande Sophie s'exprime sur son nouvel album : "J’avais besoin de quelque chose de chaleureux."

Jeu d’équilibre entre deux mondes
Musique
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Chanson, Chanson Française, Interview, Album

Début 2023, La Grande Sophie a sorti un neuvième album - La Vie Moderne - et entamé une tournée avec des titres jonglant entre nostalgie et modernité. Vingt-cinq ans après son premier disque, l’auteure-compositrice-interprète est un esprit curieux qui explore, une geek qui touche à tout et qui joue avec ses découvertes. Bref, une artiste dont la longévité repose sur sa capacité à se renouveler. 

Vous dites que le confinement a ouvert une porte. Qu’y avait-il derrière ?  

Le confinement m’a coupée en pleine tournée. Pour communiquer, il ne restait que les réseaux. Tout le monde faisait des live derrière son téléphone et ça m’a vraiment inquiétée. Je craignais que les gens prennent cette habitude et que plus personne ne vienne en concert. Cette perspective m’effrayait davantage que le virus. En apprenant que nous serions confinés, j’ai aussitôt pris ma guitare et écrit la chanson Ensemble. Je n’avais que deux couplets lorsque je l’ai partagée sur les réseaux. Je me suis dit voilà, pour mon prochain album, je vais revenir à l’essentiel, autour de ma guitare acoustique. Pour les autres chansons, je me suis imaginée autour d’un feu de camp. J’avais besoin de quelque chose de chaleureux.

Qu’avez-vous emporté dans ce retour vers l’essentiel ?

J’essaie de plus en plus de voyager léger. C’est presque une quête d’arriver à ne pas trop mettre de pistes sur mes enregistrements et au contraire de me dire, celle-ci est nécessaire mais pas forcément les autres. À mes débuts, je faisais des reprises, j’allais sur les plages à Marseille et je chantais juste avec une guitare et une voix. J’aimerais que ce soit pareil pour ma musique, qu’elle tienne debout juste avec ma guitare-voix. 

Neuf albums plus tard, qui est la Grande Sophie ?

D’abord quelqu’un qui a une certaine expérience. Et avec les nouveaux outils, je suis devenue complètement geek. Je fais tout avec mon portable. D’ailleurs, la pochette du nouvel album est un reflet de ce grand écart que je fais entre ces deux mondes. C’est un selfie que j’ai traficoté avec des applications et que j’ai tiré avec une technique datant de 1842, le cyanotype, qui consiste à utiliser les UV du soleil pour obtenir ce bleu typique. J’ai tenu à faire moi-même la pochette car elle représente ma position entre ces deux époques. En même temps, avec cet album, je me positionne en tant que femme dans la musique.

Je pense qu’on devrait faire des pauses...

Que vous inspire la vie moderne ?

Pour moi, le progrès ne va pas sans la notion de bon sens. Oui, j’utilise mon portable mais parfois je trouve qu’à trop l’utiliser, je tourne à l’envers. J’ai aussi l’impression que nos corps se transforment : dans la rue, tout le monde a la tête baissée, le dos courbé, comme une fleur fanée, c’est d’ailleurs ce que je dis  dans un texte. C’est un regard, pas une critique. Je pense qu’on devrait faire des pauses. Dans la chanson Vulgaire par exemple, je pointe les algorithmes dont la musique dépend beaucoup aujourd’hui. On va sur les réseaux et on regarde les chiffres. Ça m’agace car on perd un peu l’oreille.   

Pour vous, c’est quoi la vulgarité ?

Justement, c’est ce que je dis dans la chanson. Ce n’est pas forcément des gros mots. Pour certaines personnes, la vulgarité c’est porter une mini-jupe mais pas du tout. La vulgarité n’est pas là où on le croit, la vulgarité c’est une sorte de mépris. Quand, à un rendez-vous, on ne me parle que de chiffres, je trouve la personne très vulgaire.

Pourriez-vous vivre sans “le pouvoir de la fiction”, titre d’une de vos chansons ?

Je suis quelqu’un de très rêveur. C’est le plus grand espace de liberté et j’espère qu’on ne peut pas nous l’enlever. J’ai besoin de me poser. La chanson Sauvage y fait aussi allusion. Je peux avoir l’air sauvage quand je regarde un point au loin et que je ne veux surtout pas qu’une personne passe devant moi, parce que c’est un instant intime, où je rêve, je me projette. Dans un monde où tout va vite, c’est un moment privilégié.

La musique, c’est l’infini.

Vous vous êtes fait plaisir sur Vendredi, un morceau très funky...

J’ai réalisé tous les arrangements sur l’album. Lorsque mon équipier Jan Ghazi, qui était un peu mon guide sur ce disque, m’a dit “maintenant tu vas tout faire toute seule, mais surtout, éclate-toi, fais des morceaux hyper légers”, j’ai aussitôt pensé au vendredi, un jour que tout le monde attend. Quand j’enregistre un album, qu’il y ait une chanson grave ou moins grave, j’ai besoin de cette notion de jeu. Pour celui-là, j’avais acheté un petit magnéto sans fil que je pouvais poser n’importe où. Je prenais ma guitare, j’appuyais sur « play » et j’avais des effets. Chaque fois que j’enregistre, je trouve toujours un petit élément avec lequel je m’amuse.

Avez-vous une technique d’écriture ?

Pas vraiment. J’amie varier les plaisirs. Je remarque que souvent, une mélodie arrive dans ma tête avec des bribes de mots. Je peux aussi m’amuser avec des boîtes à rythme. Dans l’album précédent, j’avais pris un piano alors que je ne suis pas du tout pianiste. Ça me permet de trouver d’autres nuances, d’autres mélodies. Une fois que j’ai un thème et un angle, je me dis : maintenant creuse. Et puis je cherche…

Vingt-cinq ans après votre premier album, vous êtes toujours là. Comment l’expliquez-vous ?

Je trouve ça vertigineux. Lorsque j’enregistre un nouvel album, je suis un peu obligée de me retourner pour voir l’aiguillage que je pourrais faire, mes nouvelles envies. Je ne connais pas vraiment la réponse à cette question mais je crois avoir un public très fidèle qui vient me voir sur scène. J’essaie aussi de me renouveler. Dans l’écriture, les arrangements, je suis complètement autodidacte. Même dans la production d’un album, j’ai tous les outils. C’est sur quoi j’ai travaillé pour être indépendante. Les nouvelles technologies, l’informatique musicale, m’ont permis de préciser mes possibilités. Quand je regarde le futur, je me dis que j’ai encore plein de choses à apprendre et je me demande ce que je vais encore bien pouvoir trouver. Parce que la musique, c’est l’infini.

Pour suivre toutes les actualités de la chanteuse, rendez-vous sur son site internet.

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