Deux ans après le succès de Son odeur après la pluie, vendu à plus de 650 000 exemplaires, l’écrivain et alpiniste savoyard Cédric Sapin-Defour revient avec un récit d’une intensité folle.
Où les étoiles tombent (Éditions Stock) s’ouvre sur un drame intime : l’accident de parapente de sa compagne Mathilde, survenu un matin d’août 2022 dans la province de Bolzano. Ce jour-là, deux passionnés de montagne s’élancent dans le ciel, portés par leur liberté. Quelques minutes plus tard, tout bascule. Mathilde chute de plusieurs dizaines de mètres. Cédric ne la voit plus. L’attente, la peur, la course, puis la stupeur. Commence alors un long combat contre la mort et pour la vie.
Le roman d’une reconstruction
De cet accident, l’auteur tire un récit bouleversant, mi-chronique, mi-confession. Le texte, écrit avec une pudeur poignante, retrace les mois d’hôpital, la rééducation, la lente reconquête de chaque geste. « Au départ, les pronostics étaient très noirs », confie Cédric. Pourtant, contre toute attente, Mathilde se relève. « Elle mène aujourd’hui une vie très positive, même si elle n’est pas exactement la même qu’avant l’accident. » Chaque page du livre témoigne de cette renaissance à deux, entre effroi et lumière. Car si Mathilde réapprend à vivre, Cédric, lui, doit apprendre à aimer autrement, à se reconstruire face à l’absence et la fragilité. Où les étoiles tombent devient alors un hymne à la résilience, une méditation sur le couple, la perte et la métamorphose de l’amour. « À la faveur de l’épreuve, on fait connaissance avec soi-même, et ce n’est pas la plus anodine des rencontres », écrit-il.
De l’écriture à la catharsis
L’écriture, chez Sapin-Defour, n’est pas un exutoire, mais un moyen de survie. Dès le lendemain de l’accident, il remplit des carnets de lettres adressées à Mathilde, pensant ne plus jamais la revoir. Ces pages, d’abord privées, deviennent peu à peu un pont entre eux, une manière de maintenir le lien. Ce matériau brut, intime et sincère, sera le socle du livre. « Sans l’accord de Mathilde, ces textes seraient restés dans un tiroir », explique-t-il. Ensemble, ils décident d’en faire un témoignage universel sur la force de la vie.
Un auteur en apesanteur
Depuis son Dico impertinent de la montagne (2014), Cédric Sapin-Defour n’a cessé de gravir les pentes littéraires avec la même sincérité que celles des Alpes. Ses précédents essais — Gravir les montagnes est une affaire de style ou Double Espresso — parlaient déjà de verticalité, de dépassement et d’humanité. Mais c’est avec Son odeur après la pluie, un récit sur son chien Ubac, qu’il a touché un public incroyablement plus large.
Avec Où les étoiles tombent, il atteint un nouveau sommet, celui de la littérature de l’intime. Sans emphase ni pathos, il parvient à dire la douleur avec la justesse d’un funambule. Sa langue, sobre et lumineuse, oscille entre poésie et crudité du réel. Parce qu’au fond, Où les étoiles tombent n’est pas un récit de chute, mais de résurrection. Un rappel que, parfois, les plus belles ascensions naissent des plus grandes fractures…



