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Crédit photo : Jean-Marc Salomon © Fondation Salomon
La Fondation pour l’Art Contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon a peut-être changé d’adresse, mais n’a en rien modifié ses ambitions. Après de nombreuses années passées dans le village d’Alex, c’est un véritable retour aux sources qui s’opère pour Jean-Marc Salomon. Depuis 2016, la Fondation s’est installée dans le quartier d’Annecy qui a vu naître son fondateur, au coeur du premier atelier Salomon. La FabriC, nouveau nom donné au bâtiment en hommage à son passé, s’inscrit aujourd’hui comme un pôle central de l’art contemporain, luttant contre l’élitisme et ouvrant ses portes à tous. Rencontre avec Jean-Marc Salomon, son fondateur, qui nous parle de partage, de son histoire, et d’art bien sûr.
Tout d’abord, comment en êtes-vous venu au monde de l’art contemporain, et qu’est-ce qui vous passionne dans cet univers ?
Au cours de mon adolescence, j’ai rencontré par le Festival international du film d’animation d’Annecy de nombreux artistes venant du monde entier. C’est certainement à l’occasion de ces fréquentations qu’est née ma sensibilité pour l’ « art », et mon penchant pour l’architecture.
Deux livres ont marqué cette période de ma vie, Les livres de Milton Glaser « Graphic Design » et Raymond Loewy « La laideur se vend mal. »
Je ne fais pas de distinction entre art et art contemporain et je fais mienne la définition de l’art que la philosophe Carole Talon-Hugon nous donne :
l’art ce n’est pas que des œuvres, c’est à la fois des œuvres et des idées, l’art est indissociable de l’idée que les hommes se sont faits de l’art au cours de l’histoire
Crédit photo : « El 3 de mayo » de Francisco Goya
De tous temps les artistes nous informent sur le monde auquel ils appartiennent, depuis les dessins chamaniques de la grotte Chauvet jusqu’aux sculptures de Giuseppe Penone en passant par l’émouvante peinture « El 3 de mayo » de Francisco Goya. Il n’y a pas à mon sens un univers de l’art contemporain mais un univers de l’art tout court.
Ce qui est passionnant avec l’art d’aujourd’hui c’est la très grande liberté offerte aux créateurs, liberté de matériaux, liberté de pensée, liberté vis-à-vis même de l’art à tel point que sa transgression devient une norme institutionnalisée.
Quelles ont été vos motivations pour créer la Fondation ?
Je crois que la notion qui a présidé à la création de notre Fondation c’est la notion de partage et peut-être aussi l’idée de mettre en avant les arts plastiques.
Si l’organisation d’expositions est la base de notre activité, nous avons eu la volonté de développer un lieu vivant par l’organisation de conférences, de rencontres et de visites culturelles.
Crédit photo : © La FabriC - Fondation Salomon
Qu’est-ce que le déménagement à La FabriC a changé pour la Fondation ? Et pour vous ? Car il s’agit en effet d’un retour à vos racines, et à l’histoire familiale.
En 2013 nous avons fermé le lieu d’exposition au château d’Alex de manière à préserver l’équilibre financier de la Fondation dans le temps.
Nous avons donc investi un nouveau lieu sur Annecy : le premier atelier de la société Salomon situé au rez-de-chaussée de la maison familiale avenue de Loverchy. C’est effectivement un retour vers mes racines et un retour dans le quartier qui m’a vu naître. Quartier d’ailleurs qui coincé entre les vieux quartiers et la zone de Vovray est un véritable délaissé urbain.
Ce nouveau lieu d’exposition que nous avons appelé La FabriC, en référence à son ancienne fonction d’atelier, est dédié à la présentation de travaux d’artistes souhaitant expérimenter de nouvelles façons de présenter leur travail, nous souhaitons mettre en avant cette idée d’expérimentation dans ce lieu.
Crédit photo : Exposition Ailleurs, 2015 © La FabriC - Fondation Salomon
Crédit photo : Rencontre groupe scolaire, 2019 © La FabriC - Fondation Salomon
À La FabriC vous mettez l’accent sur la médiation, et l’art contemporain pour tous. Pensez-vous qu’il est important de rendre l’art contemporain accessible à un plus large public de manière à ce qu’il puisse comprendre la scène artistique de son époque ?
L’art contemporain souffre d’une image un peu élitiste, réservé à un public d’amateurs informés, presque un art sectaire. Nous souhaitons évidemment détruire cette fausse image de l’art d’aujourd’hui, montrer qu’il est accessible à tous. Nous accordons une grande importance à la médiation de nos expositions soit par les rencontres avec les artistes exposés, des cycles de conférence dont un sous la forme d’un cours d’histoire de l’art contemporain et de visites culturelles.
Par ailleurs, Nous organisons des ateliers pour le jeune public dans le cadre de la structure « La Petite FabriC ».
Comment choisissez-vous votre programmation culturelle et les artistes que vous accueillez à La FabriC ?
La programmation des expositions est le résultat de l’envie de travailler avec un artiste. Je conçois la programmation comme une rencontre qui va bien au-delà d’une simple exposition. Ainsi les artistes accueillis sont invités à collaborer sur un projet d’édition spécifique sur leur exposition à La FabriC.
Pour nous il est important que l’artiste programmé rencontre notre public soit le jour du vernissage soit au cours d’une conférence organisée à La FabriC.
Qu’espérez-vous pour la suite de cette aventure ?
« Pourvu que ça dure »
Propos recueillis par Aurore de Granier
