Du 9 juin au 5 sept. 2025
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L’Orchestre de la Suisse Romande innove avec Virtual Hall®, une expérience en réalité virtuelle qui place le spectateur au cœur de l’orchestre. Steve Roger, directeur général de l’OSR, nous en explique les ambitions.
Comment est née l’idée de Virtual Hall® ? Était-ce une réponse à un besoin spécifique, une intuition artistique, ou un pari technologique ?
Depuis la création, en 1918, l’OSR joue pour tous les publics et nous cherchons par tous les moyens possibles à diffuser les prestations de notre orchestre. Virtual Hall nous offre un nou- veau ‘terrain de jeu’ avec une puissance émotionnelle visuelle jamais atteinte auparavant : la réalité virtuelle immersive.
Crédit photo : © Gregory Maillot
Quel a été le rôle moteur de l’Orchestre de la Suisse Romande dans ce projet ? Et comment s’est noué le partenariat avec Cybel’Art ?
Notre partenariat avec Cybel'Art est basé sur l’échange, la mise en commun de nos talents. Nous avons commandé l’application dont nous sommes propriétaires et nous avons bénéficié d’un regard extérieur avec une équipe d’experts sous la conduite de Cybel'Art qui nous ont permis de découvrir de nouvelles techniques dans la diffusion, tout en gardant l’humain, l’émotion, au centre de nos objectifs.
Le projet semble à la croisée des chemins entre musique, art vivant et tech immersive : comment avez- vous imaginé cet équilibre ?
Oui, c’est une bonne définition. Mais attention, l’application a de multiples buts, sauf celui de remplacer le concert ‘live’ qui reste unique et non reproductible.
En quoi Virtual Hall® transforme-t-il concrètement l’expérience d’écoute d’un concert symphonique ?
Difficile à décrire tant l’expérience est novatrice. La place virtuelle que vous occupez dans l’orchestre au moment où vous mettez votre casque n’existe pas dans la réalité. Elle offre donc de nouvelles perspectives pour le spectateur qui devient grâce aux outils à disposition Spect’acteur.
On parle d’une captation à 360°, de multiples angles, d’interactivité : quelles sont les principales innovations techniques qui rendent cela possible ?
La caméra 360 degrés qui est en permanence améliorée par l’industrie audiovisuelle. Ce n’est plus l’image plate d’une diffusion sur écran, mais une diffusion immersive permettant d’être entouré par les musiciens. Nous révolutionnons la façon de regarder/écouter un concert.
NOUS PLAÇONS L’HUMAIN ET L’ÉMOTION AU CENTRE DE NOS CAPTATIONS
Quels retours avez-vous reçus des premiers utilisateurs ? Les musiciens eux-mêmes ont-ils été surpris par cette nouvelle forme de restitution ?
Nos musiciens sont les meilleurs ambassadeurs, ils ont été conquis et sont conscients de l’énorme bon en avant que vient de faire notre orchestre en matière de diffusion d’un concert. Ils me transmettent chaque jour de nouvelles idées et notre Pierre et le Loup qui sortira en décembre utilise de nouveaux outils comme l’IA.
Virtual Hall ne se limite pas à la performance : comment accompagnez-vous l’utilisateur pour une écoute enrichie et pédagogique ?
L’application est interactive. Vous devenez réalisateur et choisissez où porter votre attention grâce aux options de caméras. Avec cette technologie vous pouvez aussi suivre la partition en temps réel, même si vous n’êtes pas musicien. C’est éducatif tout en s’amusant, c’est très ludique.
Cette plateforme lève les barrières d’accès au concert classique : était-ce aussi une manière de démocratiser la musique savante ?
Je n’aime pas ce terme de savant. La musique est avant tout porteuse d’émotions, de partage de cultures, et oui il y a une volonté de démocratiser plus encore l’accès à la musique en général.
Crédit photo : © Virtual Hall®
On parle d’émotion intense, de réalisme bluffant : qu’est- ce que cette immersion change dans notre rapport à l’orchestre, au geste du chef, à la dynamique musicale ?
Il faut mettre le casque pour vivre cela. Je ne vois que des sourires et des exclamations positives de la part de toutes les personnes qui ont essayé que ce soit à Art Genève quand l’application a été dévoilée ou en Asie quand nous l’avons présentée en juillet dernier à Beijing, Séoul et Tokyo à l’occasion d’une tournée de l’OSR. Nous l’avons aussi présentée au public du pavillon Suisse de l’exposition universelle à Osaka.
Vous ouvrez désormais Virtual Hall à d’autres orchestres prestigieux : comment sélectionnez-vous ces ensembles et quels sont les critères artistiques ou techniques ?
Nous sommes au début des contacts avec les autres or- chestres. Ce qui nous intéresse c’est de créer une offre très large et toujours qualitative. Du récital au ballet en passant par des propositions expérimentales, l’Appli débute sa vie.
Le modèle de diffusion est-il pensé à l’échelle mondiale ? Et quelles sont les prochaines étapes de développement (Apple Store, Pico Store...) ?
Nous avons, dès le premier contact avec Cybelart, pensé à une Appli qui peut être largement déployée, nous sommes sur Meta depuis avril, Pico suit à l’automne, puis Apple et bien d’autres.
Virtual Hall peut-il s’imaginer demain comme un nouveau canal de diffusion régulier, voire un espace de création à part entière ?
Oui tout à fait. Nous travaillons sur de nouvelles fonctions... que nous dévoilerons dans les prochaines années.
Comment voyez-vous l’évolution de la scène musicale classique face aux nouveaux outils immersifs ?
Le premier contact avec la musique classique n’est pas forcément en salle avec un orchestre live. Que ce soit la radio, la télévision, le disque, les chaînes numériques... Ces diffuseurs ont contribué à faire entrer la musique dans chaque foyer et donné envie à un nombreux public de ‘goûter’ au concert avec un orchestre en chair et en os. Notre App sera j’en suis certain, un déclencheur pour l’achat de billets aux concerts.
Entre performance live et réalité virtuelle, y a-t- il un risque de concurrence, ou au contraire, une complémentarité féconde ?
Complémentarités sans hésitation ! Nous plaçons l’humain et l’émotion au centre de nos captations.
Enfin, plus personnellement : en tant que concepteur, quel moment vous a le plus ému ou marqué lors des phases de test ou de tournage ?
En tant qu’initiateur pour l’OSR, le moment le plus émouvant est celui où je reçois les commentaires des personnes qui essaient l’app pour la première fois. Comme nous sommes les premiers et seuls à proposer ce type de diffusion, les réactions sont incroyables... l’impression que le public découvre une nouvelle dimension !
Propos recueillis par Carole Cailloux
