Publié le 14 avril 2015
Vincent Dedienne

Vincent Dedienne

Entre théâtre et one-man-show
Spectacle
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Interview

Vincent Dedienne ne se brosse pas dans le sens du poil. Il a percé sur Canal + avec ses bios interdites et sur France Inter pour son billet du mercredi. Ce jeune acteur au parcours classique réconcilie théâtre et one-man-show dans son spectacle " S'il se passe quelque chose ". Un autoportrait décalé, produit par Laurent Ruquier.

Vous fixez-vous des règles dans vos bios interdites ? 

Intellectuellement non. Mon élan naturel vise à ne pas blesser les gens. Ça ne vaut pas le coup de faire du mal à quelqu’un pour faire rire les autres. Une personne qui a de la peine me met mal à l’aise et m’empêche de rire. C’est arrivé une fois, avec Jacques Attali. La chronique s’est bien finie car il a vu qu’il n’y avait pas de volonté de ma part de le blesser. Mais cet épisode m’a servi de leçon.

Christiane Taubira - La Bio interdite du 17/05
La réussite de vos bios dépend complètement de vos invités ?
Oui, c’est un duo, un dialogue. Je m’en aperçois de semaines en semaines. Plus les partenaires sont généreux, à l’écoute, bons joueurs, dans l’autodérision, plus la mayonnaise monte. A l’inverse, quand ils essaient de garder la maîtrise, de tirer la couverture à eux, la séquence est moins bonne. C’est comme au théâtre, plus le partenaire est bon, meilleur on est.

Votre meilleur souvenir ?
Bernard Cazeneuve a été le plus surprenant car il n’avait pas forcément envie de rigoler. Il était corseté dans sa fonction de ministre de l’Intérieur et d’un coup, le masque est tombé, il a rigolé, s’est s’esclaffé, m’a donné la réplique. Ce moment reste un beau souvenir.

L'enfance de Vincent Dedienne - La Bio interdite du 15/02
Si votre spectacle était un pot-au-feu, qu’y mettriez-vous ?
Beaucoup d’autodérision, un soupçon de poésie, des références littéraires et de la couillonnerie.
Quels sont les meilleurs morceaux chez vous ?
La gentillesse de cœur, l’enfance... Et toujours l’autodérision. Comme spectateur, c’est ce que je préfère : quand les gens savent se moquer d’eux-mêmes. Cela révèle beaucoup de quelqu’un. Puisque j’ai pris le parti de parler de moi, la moindre des politesses est de ne pas me brosser dans le sens du poil.

Que vous a apporté le soutien de Laurent Ruquier ?
Il a changé toute la donne en permettant au spectacle d’être joué. Il m’a laissé une liberté totale. J’ai pu travailler comme je l’entendais et avec les gens que je voulais. Il n’est pas du tout intervenu dans le texte ou dans la mise en scène mais il donne son sentiment, ses impressions, qui sont souvent très justes. Comme peu d’artistes sont produits par lui, nous ne sommes que trois, cela soulève de la curiosité.

Vous sentez-vous à l’étroit sous l’étiquette d’humoriste ?
On dit que « l’humour est la politesse du désespoir ». Je suis quelqu’un de triste qui essaie d’être drôle tout le temps pour ne pas être de mauvaise compagnie. Pour un acteur, savoir faire rire, avoir le sens du comique, n’est pas un métier, c’est une qualité. Je serai très malheureux si on pensait que je ne suis capable que de faire rire.

Si vous deviez écrire un livre, comment le commenceriez-vous ?
J’écrirais : « A la fin de ce livre, vous m’aimerez davantage ».

Où cachez-vous votre journal intime ?
Je le porte toujours avec moi, dans mon sac. Mais maintenant que je vous l’ai dit, je vais avoir peur que quelqu’un tombe dessus !

Lui cachez-vous des choses ?
Oui, les noms que je remplace par des initiales. C’est ce qui est compliqué dans l’écriture… Parfois on sait qu’on sera lu ou entendu. Mais dans l’écriture intime, pour soi, il y a toujours le doute d’être lu à un moment donné, parce qu’on aurait égaré le cahier ou alors, parce qu’on aurait envie d’être lu. Hervé Guibert, que j’aime beaucoup, écrivait « Il faut que les secrets circulent ».

Tourner pour le grand écran, ça vous tente ?
A mort ! Ce sont les grandes actrices qui m’ont donné envie d’être acteur. Quand je voyais un film avec Annie Girardot, Catherine Deneuve, Simone Signoret, Sabine Azéma, Zabou Breitman ou Agnès Jaoui, je me trouvais trop loin, j’avais envie d’être très-très près d’elles, de l’autre côté de l’écran. Je suis devenu cinéphile depuis quelques années et plus je vois de bons films, plus ça m’énerve de ne pas être dedans !

Avez-vous la vie que vous vouliez avoir ?
Oui ! Je rêvais de travailler tout le temps, d’avoir très peu de temps à moi et de m’en plaindre. D’être au théâtre, de rencontrer des gens nouveaux et qu’aucune de mes journées ne ressemble à la précédente.



Propos recueillis par Nathalie Truche

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