Du 26 avr. au 9 mai 2024
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Dans notre région, il n’est pas rare d'apercevoir de magnifiques villas bordant les lacs, mais aucune ne peut véritablement se comparer à celle de « The Nice House On The Lake ». Cette bande dessinée originaire des États-Unis, ayant publié sa première saison en deux tomes cette année (Tome 1 / Tome 2), a brillamment démontré la capacité à réinventer le genre fantastique tout en rivalisant avec les séries TV les plus captivantes grâce à son pouvoir d'addiction littéraire incontestable.
Crédit photo : © Urban Comics
La question préférée de votre ami le plus proche de l'époque universitaire, Walter, aurait pu vous mettre la puce à l’oreille. Au cours d'une soirée quelconque, il lançait : « et toi, tu l'imagines comment, la fin du monde ? ». Le sujet, un tant soit peu perturbant, mais intrinsèquement captivant d'un point de vue intellectuel : « Attends, laisse-moi peser le pour et le contre... Peut-être la concevrais-je de telle ou telle manière... ». Après un moment de réflexion, vous repreniez une bière, et le sujet glissait hors de votre esprit, oublié.
Walter, vous l’adoriez, c’était vraiment le bon pote, toujours le cœur sur la main et jamais un mot plus haut que l’autre. Et alors que cela fait désormais des années que vous ne l’avez plus vu, voilà que son nom apparaît dans votre boîte de réception Gmail avec une incroyable invitation à venir le retrouver lui et la bande de l’époque à la mi-juin dans cette magnifique maison que l’on vient de lui prêter, au bord d’un lac ! Il s’est assuré que tout un chacun serait disponible dans cette période et il veut tellement tous vous voir qu’il est même prêt à financer une partie du voyage ! Les pièces jointes finissent de vous convaincre, cela semble vraiment superbe. C’est parti, le rendez-vous est pris !
Une fois sur les lieux, il était indéniable que les photos que vous aviez reçues ne rendaient pas justice à la réalité ! Cet endroit dépasse toute attente, c'est stupéfiant ! Les retrouvailles avec différents visages, certaines plus chaleureuses que d'autres - soyons honnêtes -, et bien entendu, Walter !
Crédit photo : © Urban Comics
Alors que la soirée atteint son apogée au bord de la piscine, vous êtes submergé par l'impulsion habituelle de saisir votre téléphone pour vérifier vos réseaux sociaux. C'est alors qu'une terrible constatation s'impose : à New York, des gens semblent s'embraser, ailleurs d'autres subissent une déformation de leur peau, et ce phénomène semble toucher le monde entier, sauf cette maison, et... c'est à ce moment précis que Walter disparaît, laissant un vide inexplicable.
Le récit ne va plus faire que de s’étoffer, l’invraisemblable semble désormais possible, fuir cette maison devient l’urgence et pourtant elle est un paradis cerné par les enfers… Et elle est encore très loin d’avoir livré tous ses secrets. Le premier volume, copieux ouvrage grand format de 180 pages est paru en mars. Le mois suivant, la première saison se concluait avec un second tome tout aussi riche, répondant à de nombreuses questions, mais s’autorisant aussi à relancer l’intrigue de multiples façons, faisant de cette série une des meilleures jamais réalisées pour les amateurs de bandes dessinées fantastiques !
Le dessin témoigne d'une virtuosité remarquable, parvenant à conjuguer réalisme et profondeur artistique, en parfait accord avec l'ampleur du projet. À travers les pages, trois époques s'entremêlent subtilement : celles de vos rencontres avec le jeune Walter, le présent captivant de ce huis clos au sein de cette demeure envoûtante, et même une anticipation suggestive de ce que l'avenir pourrait réserver.
Tout ceci est orchestré avec une maîtrise poussée des potentialités de la bande dessinée, insufflant au récit des éléments visuels qui ne pourraient trouver leur essence autrement, là où ni un roman ni un film n'auraient pu le retranscrire aussi bien.
Récoltant deux années consécutives les prestigieux Eisner Awards - considérés comme les « Oscars de la bande dessinée » - cette série s'est érigée en une référence incontournable. L'éditeur, Urban, a clairement perçu cela, se démarquant avec audace de toute tendance inflationniste en lançant le premier tome au tarif attractif de 15 € seulement.
Vincent Poirier
