Publié le 15 juin 2021
SCOTT LISTFIELD
Crédit photo : Monkeys (2020) © Scott Listfield

SCOTT LISTFIELD

Vers l’infini et l’effondrement !
Art
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Art contemporain

Scott Lisfield est un artiste américain né en 1976. Selon ses propres mots, « il peint des astronautes et quelquefois des dinosaures ». Passionné de Science-Fiction, cet artiste surréaliste a bien compris les problématiques de son époque et semble prendre un certain plaisir à combiner les codes de la culture pop américaine avec sa vision d’un futur doucement mélancolique.

Crédit photo : AnimalCrossing (2020), oil on canvas © Scott Listfield

Les œuvres de Scott Listfield ont été publiées dans les pages de Wired Magazine, du Boston Globe ou de Surface Magazine et ont été exposées en 2015 à Rotofungi à Chicago.

Hormis son personnage central, il est rarement question de Science-Fiction pure mais plutôt des pérégrinations de celui-ci dans des paysages souvent abandonnés. On ne sait jamais dans quelle époque on se trouve, où si cet astronaute se balade dans les ruines de notre monde, après une apocalypse. Toutefois, on y découvre différentes grandes enseignes désertes et d’anciens véhicules en ruines. Depuis 1999, Scott Listfield promène son astronaute du futur dans ses toiles colorées tel un explorateur solitaire et silencieux qui porte un regard amusé sur le présent. 

L’artiste développe dans ses toiles une pensée simple, dans un présent inhabituel, souvent assez étrange. Travaillant surtout à l’huile, ce sont tous les codes de la pop culture que l’on retrouve dans ses œuvres : logos, enseignes publicitaires, architectures, icônes pop, etc. Selon Listfield, les astronautes n’explorent pas seulement l’espace, ils révèlent aussi l’étrangeté de notre propre monde

Crédit photo : MountRushmore (2019) © Scott Listfield

Pour ceux qui ne vous connaissent pas pourriez-vous nous parler de votre parcours artistique ? 

Je m’appelle Scott Listfield et je peins des astronautes et, parfois, des dinosaures. C’est quelque chose que je fais maintenant, tant bien que mal, depuis plus de 20 ans. L’astronaute solitaire de mon travail explore souvent un monde vide, dépourvu d’autres humains, mais rempli d’éléments que nous avons laissés derrière nous : des archives de la pop culture, de vieux bâtiments, des publicités et/ou d’anciennes voitures. Mais aussi des lieux mythiques (comme le Musée Guggenheim, le Mont Rushmore, l’Opéra de Sydney…), en état de délabrement, jonchent les paysages de mes œuvres. 

Vous semblez être inspiré par 2001 : l’Odyséé de l’Espace, de Kubrick. Pouvez-vous nous dire comment ce film a influencé votre travail ? 

C’est en regardant 2001 : l’Odyssée de l’espace, pour la première fois, que j’ai eu envie de peindre des astronautes. C’était très proche de l’année 2001, et j’ai été frappé de voir à quel point le film semblait encore futuriste, bien qu’il ait alors plus de 30 ans. À l’époque, je sortais tout juste de l’université, j’avais un emploi de base et je vivais dans un appartement de base. J’avais toujours pensé que l’avenir dans lequel je grandirais - le 21ème siècle - ressemblerait aux dessins animés, aux films et aux bandes dessinées avec lesquels j’ai grandi. Des voitures volantes, des amis robots, des voyages réguliers sur la lune. Inutile de dire que le futur dans lequel je vivais n’était pas celui que je pensais avoir.

J’avais envisagé de réaliser une série de peintures qui étaient comme des histoires courtes sur le fait que je ne me sentais pas à ma place dans le monde contemporain qui m’entourait. Je savais que je voulais avoir un seul protagoniste dans chacune de ces peintures, et en regardant 2001 pour la première fois, cela m’a frappé. Je voulais placer l’astronaute de la fiction 2001, qui représentait la personne et l’avenir dans lesquels je pensais grandir, dans quelque chose qui ressemble à notre 21ème siècle actuel. Pour explorer, pour errer sans but, et pour expérimenter la vie de la même manière que nous.

Crédit photo : Kong (2020) © Scott Listfield

Si vous deviez choisir un avenir dystopique ou une fin du monde, comment finirions-nous ? En robots, en zombies, en astéroïdes ? Vaincus par une pandémie ?
Voulez-vous que je choisisse celle que je préfère ou celle qui, selon moi, a le plus de chances de se produire ? Parce que si vous me demandez de choisir celle que je préfère, eh bien, je préférerais ne pas avoir à vivre l’une de ces situations. J’aimerais vivre dans un avenir où il y aurait plus d’égalité, moins de haine, moins de racisme, moins d’accumulation de richesses, où nous pourrions peut-être nous rassembler pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes tous confrontés, en faisant de la planète un endroit meilleur et plus durable où vivre. Est-ce que je pense que cela va arriver ? Je dois dire que non. Je ne le pense absolument pas. L’année dernière a montré que nous ne sommes pas vraiment bons pour tout cela. Qu’est-ce qui va finir par nous abattre ? Les humains, bien sûr.

Quelles sont vos influences créatives ?
Les livres, les films et les émissions de télé de science-fiction. Les dessins animés que je regardais quand j’étais enfant. Les autres artistes avec lesquels je suis ami et que je considère comme mes pairs. Les allées de supermarché. Les logos d’entreprise. Les voyages, à l’époque où je pouvais voyager. Errer sans but en écoutant de la musique.

Quel a été moment le plus heureux et gratifiant à dans votre carrière artistique ? 

Oh, je ne sais pas. Être un artiste est un tapis roulant sans fin. La carotte sur le bâton que vous poursuivez ne se rapproche jamais. Il est difficile de célébrer ses victoires lorsqu’on est toujours concentré sur la prochaine étape et qu’on a toujours peur que tout s’écroule, à tout moment. Mais je dirais que l’une des choses dont je suis le plus fier est le livre que j’ai écrit sur mon travail et qui est sorti il y a quelques années. C’est un accomplissement que je n’aurais jamais cru pouvoir réaliser et, plus qu’un spectacle en particulier, c’est un témoignage de tout le dur travail que j’ai accompli au fil des ans.

Crédit photo : Vasquez (2020) © Scott Listfield

Dans vos œuvres, la notion du temps paraît déformée. Est-ce une volonté de votre part ?

Absolument. Je fais des peintures sur l’avenir, pour le présent, en incorporant tout un tas de références de vieux films. Lorsque j’ai commencé à les peindre, j’ai joué délibérément avec le thème du temps. Je voulais que l’on ne sache pas si l’on regardait une vision du futur, une idée du présent ou un univers alternatif de notre passé. Je pense que c’est parce que, en grandissant, l’idée du futur a changé et s’est déformée. Quand j’étais enfant, tout tournait autour de l’espace. Dans le futur, nous explorerons la galaxie. Mais j’ai grandi dans un monde où l’exploration spatiale est devenue progressivement moins importante, tout en restant tout aussi futuriste que dans les films. Pendant ce temps, les éléments de base de la science-fiction - les smartphones, les montres parlantes, les puces électroniques, les appareils qui tiennent dans nos poches et qui ont un accès illimitée à la base des connaissances du monde - sont devenus de plus en plus courants et rapidement banals. D’un côté, l’avenir est une cible toujours plus mouvante, que nous n’atteindrons jamais. D’autre part, nous vivons dans le « futur », MAINTENANT. Le jour du Jugement dernier dans Terminator 2 (1991) était censé être en 1997. 1997 ! Le futur dans Retour vers le futur (1985) est 2015. 2001 : l’Odyssée de l’espace (1968) comme son nom l’indique a lieu en 2001. Tout ça, c’est du passé. Certaines de ces choses semblent encore futuristes et d’autres sont étrangement datées. C’est le monde dans lequel nous vivons, où le futur tourbillonne autour de nous. Et pourtant, nous ignorons encore assez souvent la possibilité très réelle que, en raison du changement climatique, nous finissions tous par vivre dans une version de Mad Max. J’aime mélanger toutes ces choses dans mes peintures.

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