Élise Ternat est la nouvelle directrice du théâtre La Mouche à Saint-Genis-Laval. Passionnée d’art, elle souhaite développer une programmation intergénérationnelle qui vise à rassembler tous les publics. Son engagement et sa vision promettent de dynamiser la scène culturelle locale. Rencontre avec une femme inspirante.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a conduit à la direction du théâtre La Mouche ?
Avant de diriger le théâtre La Mouche, j'ai été directrice artistique de la Fête du livre jeunesse à Villeurbanne, où j'ai organisé un événement rassemblant environ 30 000 visiteurs par édition, avec une programmation intergénérationnelle. Mon expérience au Théâtre Nouvelle Génération à Lyon m'a aussi permis d'explorer les nouvelles écritures contemporaines, et mon travail au festival Musica à Strasbourg a enrichi ma sensibilité musicale. En tant que journaliste, j'ai écrit pour des revues telles que Mouvement et ArKuchi. Ce parcours m’a préparée à prendre la direction de La Mouche en mettant l'accent sur les nouvelles écritures et les formes hybrides. Je souhaite poursuivre le travail de Mathilde Favier l’ancienne directrice, notamment avec le festival Les Météores. Je suis convaincue que le théâtre doit être un espace de rencontres et d'échanges et j'ai hâte de concrétiser tout cela ici.
Quelles expériences passées, notamment à la Fête du livre jeunesse et au Théâtre Nouvelle Génération, vous semblent les plus formatrices pour ce nouveau rôle ?
Je dirais que c’est un mélange de tout cela ! Mes expériences à la Fête du livre ou au Théâtre Nouvelle Génération ont été extrêmement formatrices pour mon rôle actuel. À la Fête du livre, j'ai eu l'occasion de mélanger différents formats, en soutenant les compagnies et en intégrant des spectacles vivants qui permettaient de sortir le livre de ses pages !
Cette porosité entre les arts m'a appris à créer des passerelles entre les disciplines artistiques et les esthétiques, ce que je souhaite poursuivre à La Mouche. Le spectacle vivant doit renouer avec le public et créer des rencontres. J’aimerais développer des projets qui encouragent la jeunesse à s'interroger. On n'est jamais trop jeune pour se questionner, et c'est essentiel de proposer des expériences qui parlent à la jeune génération !
Comment votre expérience en tant que journaliste influence-t-elle votre approche de la direction d’un théâtre ?
J'ai toujours eu un goût prononcé pour l'écriture, et j'ai toujours mon petit cahier sur moi pour noter mes réflexions et critiques. Je
continue d’avoir ce regard aiguisé sur les œuvres, tout en me questionnant sur ce que j'ai envie de raconter. Dans la direction d'un théâtre, cette capacité à réfléchir sur le sens des productions est essentielle. Mon métier de journaliste m'a aussi appris à écouter et à comprendre, peut-être un peu aussi, les attentes du public ainsi que les zones de rencontres possibles avec des artistes et des œuvres, ce qui est important pour construire une programmation soucieuse de l’époque que nous traversons.
Quelles sont vos ambitions et objectifs pour le théâtre La Mouche ?
Au théâtre La Mouche, situé à Saint-Genis-Laval, mes projets s'articulent autour de plusieurs axes clés : d’abord celui de poursuivre la mission de rendre le théâtre généreux et accessible à tous, en proposant une programmation qui touche un large public, parmi les 22 000 habitants de la ville, mais également les Grands Lyonnais ! Je souhaite aiguiser l’esprit critique des spectateurs et engager un dialogue sur les thématiques abordées. J’aimerais développer des projets à la fois dans et hors les murs, pour élargir notre portée et explorer de nouveaux formats. Je veux travailler encore plus pour la jeune génération et mettre en place des initiatives pour les impliquer, les fédérer autour de projets artistiques qui questionnent le monde qui nous entoure. Je veux sortir des visions conventionnelles pour créer la surprise, tout en continuant à travailler avec nos artistes associés, Antonio Carmona (Cie Si Sensible) et Coline Garcia (Cie SCOM). Ma programmation où le cirque et la jeunesse ont une place essentielle se veut accessible au plus grand nombre !
Le festival Les Météores continuera sous votre direction. Quels changements ou ajouts envisagez- vous pour cet événement ?
Oui, le festival Les Météores continuera ! L'idée principale est de poursuivre et de pérenniser cet événement. Pour cette 5ème édition, nous mettrons l'accent sur des spectacles joyeux et fédérateurs. Chaque mardi du 24 juin au 22 juillet, nous inviterons les arts du cirque et de rue à se rapprocher des habitants, en plein air, dans les quartiers et parcs de Saint-Genis-Laval. Nous voulons que Les Météores restent un moment de fête et de partage, un événement incontournable de notre été.
Quels sont les temps forts de cette programmation ?
Cette saison, nous avons plusieurs temps forts, notamment des créations qui promettent d’être mémorables : Nos prochaines vacances ensemble, le 17 décembre. Écrite et mise en scène par Jeanne Garraud, cette pièce aborde notre rapport au temps et à la vie moderne. Avec humour, elle explore la notion de vacance face au rythme effréné de notre société et comment bien vivre ensemble. La famille vient en mangeant, le 3 février, interprétée par une seule comédienne qui incarne 8 personnages, met en lumière les dynamiques familiales. À travers des scènes drôles et touchantes, nous assistons à un conseil de fratrie qui se transforme en conseil de famille. HEKA, le 15 avril, est une création de la célèbre compagnie anglo-saxonne Gandini Juggling, en collaboration avec Yann Frisch. Elle mêle jonglage et magie, en offrant une expérience à part. Sans oublier le festival Les Météores, qui sera un moment fort de la programmation, avec des spectacles en plein air pour clôturer la saison.
Pour finir, avez-vous des inspirations particulières dans le monde du théâtre ou de l’art en général ?
Elles sont nombreuses oui, mais je suis particulièrement inspirée par des artistes comme la chorégraphe Pina Bausch, le peintre Pierre Soulages, la metteuse en scène Tiphaine Raffier, l’artiste Sophie Calle, l’illustrateur Brecht Evens, la philosophe Camille Froidevaux-Metterie, le compositeur Rioji Ikéda ou encore la chanteuse Brigitte Fontaine... Ce sont ici quelques sources d’inspirations très personnelles mais pour La Mouche, je cherche à rassembler le plus grand nombre !
Propos recueillis par Carole Cailloux