Publié le 1 juin 2019
Quentin Tarantino
Crédit photo : DR

Quentin Tarantino

Provocant, passionnant et passionné
Cinéma
|
Portrait

Enfant terrible du ciné US, ses productions peuvent déranger le grand public, mais restent des classiques à voir une fois dans sa vie. Avec 9 films au compteur, Quentin Tarantino fait partie de ces réalisateurs qui bouleversent le septième art. Génie du cinéma, ses inspirations viennent d’autres grands maîtres comme Sergio Leone, Howard Hawks, Martin Scorsese ou encore Jean-Luc Godard. 

Né en 1963 dans le Tennessee, Quentin Tarantino se passionne pour le grand  écran dès son plus jeune âge. À la maison, on lui interdit de parler d’un père qu’il n’a jamais connu. Plein d’imagination, il fantasme sur les origines Cherokee de sa mère et pense avoir été élevé par des loups. À l’école rien n’est facile, ses camarades de classe le surnomment Disaster-Pill (la pilule du désastre), en référence au nom de son beau-père : Zastoupil. Sa seule échappatoire est le cinéma, il décide alors de faire d’Howard Hawks son père spirituel. Il passe son temps devant les productions de ses réalisateurs préférés et reste profondément marqué par les films Délivrance et La Horde Sauvage. Il sait déjà qu’il ne sera pas fait pour les études et arrête celles-ci à l’âge de quinze ans. Il travaille d’abord comme projectionniste et ouvreur dans un cinéma pornographique. Son rêve est de devenir acteur, il prend des cours d’art dramatique avec Allen Garfield. Une période qui lui permettra de camper de petits rôles dans ses futures réalisations. En 1983, il commence à travailler pour le Video Archives, une boutique de location de vidéos en Californie. C’est là qu’il tombe amoureux du cinéma français de Jean-Pierre Melville, Jean-Luc Godard, et Eric Rohmer. Jusqu’en 1989, il passe presque tout son temps dans ce magasin, en compagnie de Roger Avary qui deviendra le coscénariste de Pulp Fiction et True Romance. 

De My Best Friend’s Birthday à Once Upon a Time in Hollywood

Son besoin d’écrire et de réaliser devient plus fort que tout. En 1984, il réécrit le scénario de Craig Hamann, un autre employé du vidéo-club, intitulé My Best Friend’s Birthday. Ils tournent en seize millimètres et trois années s’écoulent avant que celui-ci ne soit au point. Mais Tarantino trouve le résultat décevant et le film reste inachevé. En 1987, le scénario de True Romance voit le jour, Quentin tente de le produire avec Roger Avary, mais finit par le céder pour 40 000 dollars. Même conclusion pour Tueurs nés qu’il devra vendre à cause d’un manque de budget. Les débuts sont difficiles pour le célèbre réalisateur jusqu’en octobre 1990, lorsqu’il commence à écrire le scénario de Reservoir Dogs. En trois semaines et demie, le script est terminé et arrive dans les mains de Harvey Keitel. L’histoire lui plaît et l’acteur de Taxi Driver accepte de jouer dans celui-ci en étant coproducteur. Le film sort pour la première fois en 1992 lors du Festival Sundance. Il sera ensuite présenté hors compétition au Festival de Cannes. Le succès est immédiat et Tarantino enchaine les événements du grand écran. Dans un même temps, il reprend un ancien projet réalisé par Roger Avary : Pulp Fiction. Célèbre réalisation et classique du cinéma, le film sort en 1994. Retour à l’écran pour John Travolta, et consécration pour d’autres acteurs comme Samuel L. Jackson, Bruce Willis, ou encore Uma Thurman. Cité par des spécialistes comme l’un des films les plus influents des années 1990, cette histoire permet à Tarantino d’être reconnu dans le milieu du cinéma. Les projets s’enchaînent et l’intrigue de Kill Bill germe dans la tête du cinéphile. Le film sort en deux parties et connaît un succès aussi bien commercial que critique. Réalisateur reconnu, mais aussi cinéphile et amoureux de cet art de la caméra, il réalise son rêve en 2004 et devient président du jury du Festival de Cannes. En 2008, il est de retour à Cannes, c’est l’occasion pour lui d’annoncer son prochain film : Inglourious Basterds. Coup de maître en 2011, lorsqu’il produit Django Unchained, un hommage aux westerns spaghettis. Jamie Foxx campe le rôle principal de Django, aux côtés de grandes têtes d’affiches comme Leonardo DiCaprio et Samuel L. Jackson. Passionné par les westerns, il revient en 2015 avec Les Huits Salopards. Son prochain film, Once Upon a Time… in Hollywood, vient d’être présenté lors du Festival de Cannes 2019, sa sortie est prévue le 14 août prochain. Leonardo DiCaprio et Brad Pitt se partagent l’affiche, avec à leurs côtés Margot Robbie.

Stylistique dérangeante et captivante

Cinéphile exemplaire et expert, ses productions renvoient toutes à une mythologie du cinéma. Il revisite les archétypes de la blaxploitation, du western, du film noir ou de gangster, du film de kung-fu ou encore du film de guerre et joue sur les codes de la représentation cinématographique. Son goût prononcé pour la culture populaire est visible dans chacune de ses réalisations. Une culture très présente dans ses dialogues, ayant pour but d’amuser le spectateur. Humour noir, décalage, absurdité et parodie composent ses scénarios. Son style est reconnaissable entre tous et bouleverse les codes du cinéma. Les dialogues sont abondants et les personnages n’hésitent pas à délivrer de longs monologues qui forment les moments les plus marquants de ses réalisations. On se souvient alors de la tirade de Samuel L. Jackson dans Pulp Fiction avant de tirer sur sa victime. Ce qui frappe le spectateur chez Tarantino, c’est notamment sa façon de malmener la chronologie de ses scripts. Une structure narrative non linéaire qui lui permet de donner des informations clés aux spectateurs, au moment où il le souhaite. Son truc c’est la provocation. Il s’amuse à mettre sur le même plan des actions spectaculaires, particulièrement sanguinolentes et des discussions soignées, longues, banales et crues. Mais comme tout bon cinéma, celui de Tarantino a le droit à son lot de reproches. Une fascination malsaine pour la violence, une décontextualisation idéologique des sujets politiques ou historiques problématiques (la Shoah, l’esclavage américain, etc.), ou encore une recherche du plaisir immédiat pour le spectateur, les critiques fusent mais ne déstabilisent pas pour autant le cinéaste. Il revisite la culture cinématographique sous un angle provocateur, tout en accentuant les situations qui plaisent aux spectateurs.

Texte : Léonie Dutriévoz 

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