Publié le 1 septembre 2025
Odile Grosset-Grange prend la tête du TNG
Crédit photo : © Geoffrey Posada Serguier
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Odile Grosset-Grange prend la tête du TNG

"Donner envie d'inventer le monde"
Spectacle
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Théâtre, Focus

Nommée à la direction du Théâtre Nouvelle Génération – Centre dramatique national de Lyon à partir de juillet 2025, Odile Grosset-Grange souhaite faire du jeune public une priorité artistique et politique. Elle dévoile les grandes lignes de son projet “La Fabrique de souvenirs”, porté par une programmation ouverte sur la jeunesse, les territoires et les récits émergents. Rencontre.

Vous prenez la suite de Joris Mathieu à la direction du TNG. Comment s’est déroulée la transmission ?

La passation s’est très bien passée ! Elle a été assez fluide. J’ai eu l’occasion d’échanger avec Joris à plusieurs reprises. L’équipe en place est vraiment solide, impliquée, et j’ai été chaleureusement accueillie. Dès le mois de mai, j’ai commencé à travailler avec les pôles communication, relations publiques, éducation artistique... Ce temps de préparation a été précieux pour poser les fondations de ce nouveau chapitre.

Crédit photo : © Olivier Allard

Pourquoi placer l’enfance et la jeunesse au cœur de ce projet artistique ?

Le jeune public est le public le plus vaste, le plus transversal. C’est celui qui traverse toutes les classes sociales, tous les territoires, toutes les sensibilités. Et c’est souvent celui qu’on oublie. Travailler pour les enfants, les adolescents, les jeunes adultes, c’est s’adresser à celles et ceux qui construiront demain et c’est cela que je trouve passionnant ! C’est aussi un engagement de cohérence : ma compagnie, La Compagnie de Louise, est dédiée à ces publics, avec l’ambition de leur proposer des œuvres ambitieuses, ouvertes sur le monde.

Le théâtre jeune public est encore trop souvent perçu comme un genre “à part”. Quelle est votre approche ?

C’est un théâtre exigeant. Il peut tout aborder, du plus intime au plus politique, avec force et poésie. Il demande de l’écoute, du respect, et aussi des moyens ! Or aujourd’hui, il souffre d’un réel manque de reconnaissance institutionnelle. Nous devons défendre ces écritures, ces formes, et accompagner les artistes qui les portent. Le TNG sera une maison de création à part entière, où les passerelles seront nombreuses : entre les disciplines, entre les publics, entre les générations. 

Vous insistez sur la dimension sociale et territoriale. Quels liens souhaitez-vous tisser avec les habitants de la métropole lyonnaise ?

Je veux faire du TNG un théâtre accessible, vivant, habité. Il y en aura vraiment pour tout le monde ! Il y aura des siestes musicales, des goûters, des expos, des jeux d’enquête pour découvrir la saison... Et aussi des ateliers intergénérationnels, des représentations dans les quartiers prioritaires, dans des villages, des lieux insolites. C’est essentiel que le théâtre sorte de ses murs, qu’il vienne à la rencontre de tous ses publics.

C’EST UN THÉÂTRE EXIGEANT. IL PEUT TOUT ABORDER, DU PLUS INTIME AU PLUS POLITIQUE, AVEC FORCE ET POÉSIE.

Comment imaginez-vous cette programmation hors-les-murs ?

Nous développerons une programmation “tout-terrain”, dans des gymnases, des piscines, des médiathèques... L’objectif est d’aller vers les publics, notamment là où l’offre théâtrale est absente. Nous avons déjà des pistes de partenariats avec des villes, des communautés de communes, des départements. Ce sont des terrains d’expérimentation formidables. 

Vous serez entourée d’un collectif d’artistes. Qui sont-ils et quel sera leur rôle ?

 

J’ai réuni des artistes aux esthétiques variées, pour embrasser toutes les strates de la création et la diversité des âges et des récits. Les auteurs Pauline Sales, Mike Kenny, Antonio Carmona, seront artistes associés. Mais aussi des metteurs en scène comme le duo de la compagnie Entre Eux Deux Rives : Claire Petit et Sylvain Desplagnes, l'autrice et la metteure en scène Estelle Savasta, ainsi que la comédienne Camille Blouet, rejoignent également l’aventure. Ensemble, nous construirons un répertoire pour le TNG. Je commanderai aussi des textes qui seront confiés à de jeunes metteurs en scène issus des grandes écoles.

Crédit photo : © Raynaud de Lage

Quels récits souhaitez-vous faire émerger ?

Des récits résolument modernes, ancrés dans le réel mais traversés par l’imaginaire. Des histoires qui interrogent notre époque, nos rêves, nos contradictions. Des formes artistiques qui se nourrissent du croisement entre théâtre, danse, magie, marionnette et arts visuels. Prenons le spectacle Cartoon, par exemple : une grande création inspirée de l’univers du dessin animé, véritable superproduction aux effets magiques spectaculaires – et pourtant d’une grande délicatesse émotionnelle. C’est le rendez-vous à ne pas manquer fin janvier (à partir de 7 ans) ! Explosion de couleurs, d’humour et de poésie, ce spectacle nous plonge dans l’univers drôle et tendre d’une famille... pas tout à fait comme les autres.

Et pour les adolescents ?

Ils auront une place centrale. Nous réfléchissons à une communication spécifique, à la possibilité de les intégrer à un comité de programmation, et surtout à leur donner le pouvoir de choisir certains spectacles dans le cadre scolaire. Je veux qu’ils s’approprient le théâtre. Cette année nous accueillerons notamment Thierry Collet, artiste magicien, autour de formes participatives. On testera, on inventera avec eux.

Le TNG vient d’être entièrement rénové. Comment souhaitez-vous investir ces nouveaux espaces ?

La grande salle rénovée permet enfin d’accueillir des formes ambitieuses. L’atrium deviendra un lieu de vie, avec des expositions, des livres à feuilleter, des espaces de repos. Dès le début 2026, nous proposerons une cabane poétique imaginée par Stephan Zimmerli. Et une première exposition sur les coulisses de l’animation, en écho au spectacle “Cartoon”.

Vous projetez la création d’un festival dédié au jeune public. À quoi ressemblera-t-il ?

Ce sera un temps fort, tous les deux ans, conçu avec des partenaires culturels lyonnais et nationaux. Il mettra en lumière la création contemporaine jeune public, en ville mais aussi en milieu rural. L’objectif : structurer le secteur, renforcer sa visibilité, et offrir un vrai rendez-vous de découverte et de fête.

Et vous, qu’est-ce qui vous anime dans cette prise de poste ?

Cela fait plus de douze ans que je travaille en compagnie, avec un fort ancrage territorial. Prendre la direction du TNG, c’est donner une nouvelle échelle à cet engagement. C’est continuer de créer, de défendre une vision du théâtre exigeante, généreuse, ouverte. Et de le faire avec une équipe formidable !

Propos recueillis par Carole Cailloux. 

Nouvelle création Boule de neige - Odile Grosset-Grange, Compagnie de Louise - Texte de Baptiste Amann
Du 5 au 7 novembre 2025 à la MC2: Grenoble

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