Publié le 9 mai 2022
Les musées virtuels
Crédit photo : © holly13_metasouk_overall

Les musées virtuels

quand le métavers change les règles du jeu
Art
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Reportage, Réalité virtuelle

En pleine pandémie, alors que les lieux culturels avaient dû fermer leurs portes, nous nous étions habitués aux expositions virtuelles. Une parade à la fermeture qui, si elle ne permettait pas aux institutions muséales et autres lieux de culture de survivre d’un point de vue financier, ont cependant permis à l’art de rester accessible et vivant. Mais aujourd’hui, à l’âge du métavers, dans une époque où la réalité virtuelle devient de plus en plus tangible, les musées tels que nous les connaissons sont en passe d’évoluer. La culture du futur n’a pas fini de nous surprendre. 

Crédit photo : © 5_holly13_metasouk_detail_dusk

Un musée complètement virtuel

C’est un projet que les puristes et les amoureux des flâneries dans les galeries des musées auront du mal à digérer. Et pourtant, les institutions muséales n’échappent pas aux avancées fulgurantes de la technologie. Le groupe Metapurese, aussi brillant que motivé, s’attelle à faire naître le musée du futur, existant uniquement dans le métavers, et visant à abriter des oeuvres d’art virtuelles (NFT). Le projet de la firme semble osé, et pourtant. À l’heure où les oeuvres d’art virtuelles se multiplient et prennent de plus en plus de valeur, créer un espace dédié à leur exposition semble tomber sous le sens. 

Au départ ce bâtiment virtuel était sensé abriter une oeuvre, l’oeuvre digitale de Beeple vendue pour 69 millions de dollars. Mais au fil de l’évolution du projet, c’est l’idée d’un lieu où seraient rassemblés des NFT de nombreux artistes qui nait alors. Si les avatars qui pénétreront dans ce lieu pourront observer ces pièces, certaines seront elles mises en vente. Encore une fois, ici l’idée d’un monde virtuel aussi vrai que nature s’amplifie, et ce MetaSouk, comme il est désormais surnommé, brouille les pistes entre musée et galerie. Mais à quoi ressemblera alors ce musée virtuel du futur ?

Un lieu sans limites

Pour imaginer cet espace inédit, Métapurse s’est fait approché par un trio de choc composé de Joshua Ramus, Éric de Broche des Combes et Armand Khatri, les fondateurs du studio Holly13. Trois têtes pensantes toutes issues du milieu de l’architecture (réelle), mais qui ont un atout : ils osent. Leur idée ? Réaliser ce projet architectural virtuel en bousculant les règles de la discipline, et en profitant, au passage, d’une telle expérimentation pour écrire les règles de l’architecture réelle du futur. 

Mais contrairement aux bâtiments existants déjà dans le métavers, ici leur volonté n’est pas de s’inspirer du réel 

mais d’explorer le champs des possibles que leur laisse cet espace sans limites. « Les investissements financiers et les enjeux politiques accompagnant l’architecture physique sont énormes et engendrent naturellement une aversion au risque. Par conséquent, les idées architecturales les plus innovantes sont rarement mises en oeuvre, reléguées a « l’architecture de papier » et aux expérimentations de pensées. Le digital ouvre une infinité de possibilités. » confient les trois architectes. 

Il devient alors inutile de faire la queue pour acheter son ticket, ou de chercher les vestiaires ou les toilettes - vous en avez chez vous non ? Dans le projet proposé, un bâtiment sans fenêtre, sans ascenseur, sans limites physiques. « Réfléchissons une seconde : si nous sommes dans un espace virtuel, pourquoi être limité à la marche ? Pourquoi ne pas envisager de voler ? Attendre l’ascenseur ne fait aucun sens. L’ascenseur non plus, d’ailleurs, pas plus que les fenêtres ! » expliquaient les architectes.

Un musée du futur idéal ? Si on y réfléchi un instant, tous les inconvénients d’un lieu culturel, notamment en période de pandémie, sont effacés du tableau. Plus d’attente, plus de bouchons devant les oeuvres nous empêchant de les distinguer, le tout dans le confort de votre maison. Idéal ? Peut-être oui, mais ce musée du futur possède également des inconvénients indéniables, qui s’il encourage encore un peu plus l’isolement au profit d’une expérience sociale (même si ses créateurs nous assurent que ce lieu sera propices aux rencontres, virtuelles), il modifie également, et ce indéniablement, notre relation à l’art et aux œuvres.

Crédit photo : © Everydays The First 5 000 days, l’oeuvre de Beeple vendue pour 69 millions de dollars, qui est à l’origine de la création du musée virtuel

Et notre rapport à l’art dans tout ça ? 

Encore une fois le métavers bouleverse un peu plus notre rapport au monde réel et à ses composantes. Et c’est à nouveau l’art qui se prend une claque virtuelle avec ce nouveau projet. Alors que le monde de l’art a plutôt tendance à se montrer frileux vis-à-vis de la technologie, les oeuvres numériques font exploser le marché. La raison de cet engouement ? La nouveauté, les merveilles de la technologie, mais aussi l’obsession du marché de l’art pour la notion d’authenticité. Pour les spécialistes, l’art numérique et les plateformes qui l’accueilleront, à l’image de ce musée virtuel, sont un danger pour l’art réel et ses institutions, qui doivent s’adapter pour survivre. Pour les auteurs du rapport Hiscox Online Art Trade « Ce marché connaîtra des hauts et des bas, mais le monde de l’art devrait y prêter attention s’il veut rester pertinent à l’avenir ». Alors les musées virtuels constituent-ils le monde de l’art de demain ? Difficile de les voir éradiquer nos instituions belles et bien réelles, mais une chose est certaine, l’avenir se conjuguera également au temps du métavers.

Aurore de Granier

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