Publié le 14 septembre 2020
Les chroniques de Marie Py

Les chroniques de Marie Py

Episode 3
Lifestyle
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chronique

Mon père, ce boomer

… c’est aussi mon héros, hein, normal. Mais c’est aussi un sacré boomer. Vous en avez tous autour de vous, c’est certain.

Non vraiment. Et quel est le problème principal des boomers ? A part détester qu’on les affuble de ce petit nom, je veux dire ? How are you boomin’ ?

Premièrement, le boomer sait tout mieux que tout le monde, et la perspective qu’une personne d’une plus jeune génération que lui sache également quelque chose le met dans tous ses états (de boomer). Il fait mieux, aussi, toujours mieux que les autres. C’est une règle d’or du boomer : « Quand on ne sait pas on se tait, je fais car je sais faire ». Ok. Sur le principe, pourquoi pas. Mais quand on fait face à un tout nouveau septuagénaire qui balance des jugements à l’emporte-pièce, perd régulièrement au Trivial Pursuit contre ses enfants et construit des trucs pas droits -littéralement, hein- on est en droit de se poser quelques questions. Pour exemple, je me souviens notamment d’un rehausseur que m’avait gentiment construit mon papa pour mon mini-four. D’une trentaine de centimètres de haut, le truc était tellement de guingois que non seulement il a affirmé que c’était le carrelage de derrière qui était de traviole, mais qu’en plus, ce serait parfait comme ça. Et, comme une conne, je n’ai rien osé dire et j’ai passé 3 ans à pencher la tête à 45 degrés pour voir si ma tarte prenait bien. Quelle tristesse, vous en conviendrez…

Deuxièmement, tous les boomers s’accordent sur le fait que « c’était mieux avant ». A la différence du vieux con, le boomer ne se remet jamais en question. Ou très rarement, et ce, seulement sous la torture, à la rigueur. Bah oui c’était mieux avant, c’est certain : Didier Barbelivien, Cohn-Bendit, Rika Zarai, Thatcher, Michel Leeb ou encore Serge Lama (pour ne citer qu’eux), c’était vraiment génial. Evidemment, personne n’est plus là pour les contredire, les boomers. Ou alors dans un état moyen ; z’ont souvent plus toute leur tête, et c’est dommage. Mon pépé René, à la grande époque, qui était parti sur le front à 19 piges, avait été résistant pendant la seconde guerre et en première ligne avec les tirailleurs marocains, lui, il osait dire à mon père qu’il racontait parfois des conneries plus grosses que lui. Et c’était génial, putain, il disait tout haut ce qu’on pensait tout bas. Par contre pour lui, c’était pas vraiment mieux avant, curieusement. Il n’était pas né en période de plein emploi, n’avait pas décroché n’importe quel job (sans diplôme, parfois), le tout dans le contexte plutôt chouette de croissance économique qu’ont pu être les Trente Glorieuses. En revanche, grand-père, il avait connu la guerre, la misère, et la faim, la peur au bide. C’était clairement pas tout à fait le même délire que nos chers boomers.

Tous les boomers s’accordent sur le fait que « c’était mieux avant ». A la différence du vieux con, le boomer ne se remet jamais en question.

Troisièmement, les boomers ont la fâcheuse tendance à nous répéter qu’on a la belle vie par rapport à eux. « Bah oui », ils disent, « vous avez internet, le wi-fi, même, et un téléphone portable… Et puis vos apparts sont bien mieux équipés qu’à notre époque ». Aaaaah. D’accord. Dans ce cas on plie, rideau, plus de répartie. C’est vrai que ça fait tout, le wi-fi. Ca permet, entre autres, d’aller sur son espace pôle-emploi plus aisément, j’avoue. Ou de faire des curriculums et des lettres de motiv qu’on envoie plus rapidement, c’est sûr. En revanche, je ne crois pas que ça permette à un bac +5 de ne pas se retrouver chez Mc Do. Et puis tout cela a un coût, et je peux vous garantir qu’avec un salaire moyen, voire très bas, tout ce bordel, là, l’internet, le téléphone, le loyer, les charges et les assurances diverses et variées, c’est un peu une épée de Damoclès puissance 4. Je passerai sur les prix des loyers de dingos que l’on se paye dans le coin comparé au « temps jadis », parce qu’en plus, ils seraient capables de scander que tout était proportionnel au salaire… Au fait : c’est faux.

En conclusion, je dirais que le baby-boomer est une espèce à part entière. Capable de troller sur les réseaux (oui le boomer passe son temps sur facebook) toute la journée parce qu’il a le temps et qu’il est retraité, mais tout aussi capable d’essayer de rabattre le caquet à n’importe qui de plus jeune que lui. Et ça fait du monde, les amis. Il est souvent autocentré ou malhabile, mais honnêtement… il peut tout aussi bien être rigolo, bon orateur, généreux ou encore attachant. Allez, sans rancune.

Et bisous Papa <3

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