Publié le 6 mai 2022
L’amour avec un grand A(lgorithme)

L’amour avec un grand A(lgorithme)

Quand les sites de rencontre choisissent pour nous
Lifestyle
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Actualité

À une époque où internet, les Big Tech et les applications font partie de notre quotidien, l’amour aussi se vit à la sauce virtuelle. Ces dernières années les applications de rencontre se sont multipliées, de Tinder à Adopte un mec, en passant par Bumble et autre Meetic. Derrière nos écrans on se laisse alors bercer par l’idée que les visages qui défilent sous nos yeux sont le pur fruit du hasard, alors qu’en réalité les algorithmes ne laissent aucune place à l’inattendu.

Destinée ou mathématiques ?

La technologie, quelle merveille n’est-ce pas ? Tout est aujourd’hui accessible en un clic, des films à la nourriture en passant par la musique et bien évidemment les rencontres. Dans une société de plus en plus renfermée sur elle-même et où le smartphone est devenu une extension de notre main, il est parfois difficile de se déconnecter du monde virtuel pour refaire surface dans une réalité bien tangible. Une étude menée en 2020 démontrait qu’autant de couples se formaient aujourd’hui en ligne que dans la vraie vie. En France, comme dans de nombreux pays à travers le monde, les sites de rencontre sont fréquemment consultés, et sur le territoire hexagonale près d’un quart des français ont déjà utilisé l’une de ces plateformes. Mais le hasard a-t-il vraiment sa place sur ces applications encore une fois contrôlées par les Big Tech ? La réponse ? Pas vraiment.

Tout commence en 2018 quand un journaliste américain publie un article suite à un entretien avec le fondateur de Tinder, Sean Rad, qui lui dévoilait le système de classement des hommes et des femmes sur l’application, appelé score de désirabilité ou Elo Score. C’est en tombant sur cet article que la journaliste française Judith Duportail décide de tenter l’expérience elle-même en s’inscrivant sur Tinder pendant un an. Elle en fait un livre, L’amour sous algorithme, où elle raconte son expérience couplée à la lecture du brevet de l’entreprise, et aux données de son compte qu’elle parvient obtenir vont bien plus loin que l’absence du hasard.

Comme toute plateforme internet où l’on dévoile ses données personnelles - situation professionnelle, et donc indirectement financière, lieu de résidence, âge, centres d’intérêt - les sites de rencontre se servent de ces informations pour adapter l’offre de la plateforme à son utilisateur. À l’image d’Instagram qui propose des publicités ciblées selon les personnes que l’on suit sur l’application, et qui adapte la page Explorer à nos centres d’intérêt et recherches précédentes ayant été enregistrées, Tinder et ses rivaux analysent et classifient. Le hasard de la rencontre quant à lui sort par la fenêtre alors que nous sommes persuadés que tout ce qui se joue sous nos yeux n’est que le fruit du destin.

Score inconnu, conséquences réelles

Le brevet de Tinder dévoile sans équivoque que chacun des utilisateurs possède un certains nombres de points, basés en partie sur son apparence physique. Encore une fois, les algorithmes ici viennent donc se calquer sur des stéréotypes sociétaux, donnant de la valeur ou non à certains attributs en analysant les photographies postées par les utilisateurs. Mais les choses vont bien plus loin. Profession, revenu salarial, situation géographique, niveau d’étude, et même QI calculé sur l’utilisation du vocabulaire et de la grammaire dans nos conversations, tout est analysé pour ensuite être classifié. Judith Duportail compare dans son livre ces catégorisations à une privation de liberté, « sur Tinder, je suis comme dans une fête où je n’ai même pas le droit de voir les hommes trop riches, trop beaux ou trop jeunes «pour moi», parce que l'algorithme les écarte d’emblée ». Le hasard de la rencontre disparait alors totalement, l’algorithme ne laissant pas accès à certains groupes de personnes à tel ou tel utilisateur qui ne répond pas aux critères sélectionnés. Mais les choses vont encore plus loin. Miroir de la société, les algorithmes prennent également en compte le caractère patriarcal et sexiste du monde dans lequel nous évoluons. C’est pour cette raison que dans le brevet de Tinder, il est spécifié sans équivoque qu’un homme ayant un bon poste et gagnant bien sa vie obtiendra un score élevé, mais une femme dans la même situation aura quant à elle un mauvais score. En swippant à droite ou à gauche, ce n’est pas votre destin que vous contrôlez, mais encore de nouvelles informations glanées par l’algorithme qui selon vos choix vous proposeront des options de partenaires encore plus ciblées. Pire que l’algorithme ? Le caractère addictif de ces plateformes fonctionnant sur un système de récompense à chaque « match » qui continue de nous faire croire au destin, alors qu’en réalité derrière nos écrans nous sommes encore un peu plus privés de liberté, un ordinateur décidant qui est le mieux pour nous.

 

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