Publié le 15 janvier 2020
Jean-Rémi Chaize
Crédit photo : © Patrick Roy

Jean-Rémi Chaize

Attention, humour féroce !
Spectacle
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One Man Show, Interview

Dans son spectacle « On n’est pas des chiens », le Lyonnais installe des personnages ordinaires dans des situations du quotidien. Les masques tombent vite, révélant obsessions, fêlures et solitudes. D’une plume acérée, Jean-Rémi Chaize a bien gratiné ses héros en mal de reconnaissance et qui nous font rire à leurs dépens.  

Après une formation classique, vous voilà dans l’humour…

En principe, je n’étais pas fait pour ça. Mais « en principe » ne veut rien dire. Au départ, je voulais tenter le seul en scène. Puis je me suis laissé prendre au jeu. Il y a quelque chose dans cet exercice dont j’ai besoin. Mais je n’imagine pas abandonner les spectacles avec des partenaires que je continue de proposer. 

Pourquoi « On n’est pas des chiens » ? 

Au début, nous l’avions intitulé « On n’est pas des bêtes ». Comme nous avions un visuel assez fort - l’affiche avec la collerette - nous avons remplacé bêtes par chiens. Et puis, le titre est un peu le contraire du spectacle : dans la vie, nous avons quelque chose d’animal. J’ai une galerie de personnages névrosés, dont le côté bestial démontre qu’en réalité, nous sommes tous un peu sauvages.   

Quels sont les premiers personnages que vous avez créés ?

La grand-mère. En revenant quatre fois dans le spectacle, elle fait un peu le lien entre tous, c’est un fil conducteur. La grand-mère est une figure commune à tout le monde mais celle-ci est un peu tarée… Il y a aussi la caissière complètement hystérique qui s’exprime très-très vite, sans prendre de respiration car elle veut absolument vendre la carte fidélité. Cette logorrhée veut traduire le côté robotique et sur scène, cela devient un exercice de style, une performance. Il y a aussi la maman, extrêmement méchante avec sa fille, qui va très loin dans ses paroles. C’est le personnage le plus monstrueux du spectacle. D’autres sont plus légers, comme le guide de musée « franco-espagnolo » qui présente le tableau de la Joconde dans un mélange de trois langues. Et bien sûr, on a la dépressive !

Leurs névroses, vous en avez puisé en vous ? 

Oh oui. On me dit souvent « mais vous ne parlez pas de vous dans le spectacle ». Bien au contraire, je parle de moi à travers mes personnages. On est tous faillibles. J’aime beaucoup jouer les personnages trash car on ne peut pas le faire dans la vie. C’est très jouissif d’interpréter un monstre. Seul le théâtre le permet. La liberté de dire ce qu’on veut fait le plus grand bien. 

Où avez-vous « rencontré » ces personnages ?

Je ne suis pas allé bien loin, c’est juste de l’observation. Ce sont des gens lambda qui font partie de notre quotidien et que je mets en lumière. Je prends un personnage, je le mets dans un état, une situation simple et puis j’en fais des caisses ! 

Dans un spectacle, il y a un ordre, un équilibre à trouver

En trois ans de tournée, avez-vous peaufiné le spectacle ?

Je me suis amusé à relire mes textes récemment et j’ai remarqué que la plupart n’avaient pas bougé, qu’ils étaient restés les mêmes, au mot, à la virgule près. J’ai dû rajouter quelques sketchs pour m’adapter aux grandes salles. Dans un spectacle, il y a un ordre, un équilibre à trouver et dès qu’il est trouvé, on ne le retouche pas.  

Vous souhaitiez tenter le seul en scène pour « voir ce que ça fait ». Alors, ça fait quoi ? 

Ça fait peur ! Je suis à la fin de l’exploitation de ce spectacle et l’évolution a été très intéressante. Les émotions que je ressentais il y a trois ans ont beaucoup changé. Je me souviens que les premières fois étaient assez violentes. Agréables mais dans la douleur. Aujourd’hui, j’ai apprivoisé cette peur. J’ai trouvé de la souplesse, quelque chose qui ressemble à du contrôle. Désormais, quand ça se passe moins bien, je le prends avec philosophie. 

À quoi ressemblent une bonne et une mauvaise soirée ? 

Au début, j’avais besoin des rires, je me disais « si ça ne rigole pas, c’est une mauvaise soirée. » Aujourd’hui, je vois les choses autrement, je suis bien plus attaché à l’écoute du public, à la réception. Et puis, je ne suis pas une machine, je ne joue pas toujours de la même façon. Alors une bonne soirée, c’est quand il y a une fusion entre le public et moi. 

Quel est plus beau compliment qu’un spectateur vous ait fait ?

On me parle souvent d’écriture. C’est peut-être ce qui diffère d’autres spectacles d’humour. Quand on me dit que c’est bien écrit, que c’est intelligent, ça me fait très plaisir. Les spectateurs sont aussi surpris par la forme qu’ils n’ont pas l’habitude de voir. Je ne suis pas dans le stand up, il y a un aspect très théâtral, noir, parfois dur, qui peut surprendre. C’est nouveau pour eux. Je pense que ce que je propose est assez culotté.

Propos recueillis par Nathalie Truche

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