Publié le 14 janvier 2015
Helge Reumann

Helge Reumann

dessinateur armé de talent
Art
|

BD, graphisme, création d’objets… Helge Reumann revendique sa mobilité artistique. Récemment récompensé par le Prix Töpffer de Genève, le dessinateur se distingue par des œuvres impeccablement soignées. Sa dernière BD « Sexy Guns » dépeint un monde parallèle, sobrement mystérieux, peuplé d’individus aux visages volontairement inexpressifs.

Curieusement, Sexy Guns se déroule en séquences divisées en cases…  
Avant, je réalisais davantage de BD avec une histoire et une chute. Aujourd’hui, je trouve cet exercice trop astreignant. Je préfère dessiner une séquence intéressante, c’est plus épanouissant pour moi. Je reconnais que la démarche est peut-être un peu égoïste…

Pourquoi un album sans texte ?
J’ai essayé d’écrire des textes il y a une vingtaine d’années, mais quand je les relis, ça me fait froid dans le dos. Je les trouve très mauvais. J’en ai donc conclu que j’étais meilleur dessinateur que rédacteur et que sans texte, l’album aurait plus de puissance, serait plus personnel. C’est vrai qu’une BD muette nécessite plus d’images pour faire comprendre une situation.

Vos univers sont parfois cruels…  
Non ! Des gens peuvent être choqués, mais les mondes que je crée sont bien gentils par rapport à tout ce que l’on peut voir dans la réalité.

Et si vous tombiez sur l’un de vos personnages dans la vraie vie ?
Il y a une partie de moi-même dans certains personnages, le côté un peu bourru, par exemple. Personnellement, je ne les trouve pas effrayants. Bien sûr, ils ne ressemblent pas à ceux que l’on trouve dans Spirou, ni même à ceux que l’on voit dans les BD du type underground, qui sont plus hardcore. En comparaison, mes personnages sont plutôt sympas. Je cherche à leur apporter une sorte de romantisme, de poésie, bien qu’ils n’aient pas forcément de beaux visages. C’est sûr, ils ne rentrent pas dans les canons habituels, comme ceux qui arborent de gentilles têtes ou des gros nez amusants.

Si on passait vos rêves au rayon X, que verrait-on ?
Ce qu’on trouve dans mes BD mais en pire, en plus dur. Parce que je mets une dose d’humour dans mes albums, j’essaie de ne pas être trop pathétique. Il y a toujours un gag quelque part. Mais il est toujours difficile de représenter un rêve, ça devient vite assommant. Tout le monde a déjà écouté quelqu’un raconter ses rêves. On s’ennuie profondément parce qu’il manque la puissance du vécu.

Vous aimez planter des décors froids, industriels…
Peut être que j’arriverai à faire des décors plus chaleureux un jour mais je trouve ennuyeux de dessiner des palmiers. Je n’aime pas trop non plus mettre des émotions. D’ailleurs, mes personnages ont peu d’expression. Les BD avec des personnages grimaçants, des expressions exagérées ou des sentiments trop exprimés ont tendance à m’horripiler.

Avez-vous déjà été poursuivi par une voiture noire ?
Ah, vous faites référence à l’album Poursuite… Non, ça ne m’est jamais arrivé, mais c’est une crainte d’enfant à force d’entendre les parents nous dire : « Il ne faut pas parler à des messieurs. Ni à la dame qui a un chien parce que derrière, il y a peut-être un homme déguisé qui va t’enlever ». Pas mal de mes copains avaient la même appréhension : dès qu’une voiture se garait, ils commençaient à courir parce qu’ils ont été soulés par les histoires d’enlèvements !

Vos personnages se déplacent en char, cheval, bus, camion, voiture… et vous ?
J’ai mon permis depuis l’âge de 18 ans mais je n’ai jamais eu de voiture et je ne conduis pas. C’est un truc qui m’exaspère. Je trouve que ce moyen de transport n’a rien de naturel pour l’homme. Je préfère le vélo. Et je déteste par-dessus tout voir dans nos villes, des grosses voitures qui sont faites pour rouler dans la montagne.

Sur quoi planchez-vous en ce moment ?
Après le prix Töpffer, j’ai eu la bonne surprise de recevoir le prix du fonds municipal d’art contemporain de la ville de Genève. Cette bourse va me permettre d’accomplir un projet mêlant peinture, dessins et objets et d’être assez mobile entre tous ces arts. Je ne pratique pas vraiment la BD comme beaucoup d’auteurs. Je suis également graphiste, je fais des affiches, des pochettes de disques… Bref, je varie au maximum les plaisirs.

Propos recueillis par Nathalie Truche

 
 

Vous voulez des cookies ?

Ce site utilise des cookies pour garantir la meilleure expérience de navigation.

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies tiers destinés à vous proposer des vidéos, des boutons de partage, des remontées de contenus de plateformes sociales

Paramétrage de mes cookies

Au-delà des cookies de fonctionnement qui permettent de garantir les fonctionnalités importantes du site, vous pouvez activer ou désactiver la catégorie de cookies suivante. Ces réglages ne seront valables que sur le navigateur que vous utilisez actuellement.
1. Statistiques
Ces cookies permettent d'établir des statistiques de fréquentation de notre site. Les désactiver nous empêche de suivre et d'améliorer la qualité de nos services.
2. Personnalisation
Ces cookies permettent d'analyser votre navigation sur le site pour personnaliser nos offres et services sur notre site ou via des messages que nous vous envoyons.