Du 15 avr. au 1 juin 2024
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Crédit photo : Aviel Cahn © Filip van Roe
Le Grand Théâtre de Genève dépoussière encore un peu plus opéra et ballet dans une saison 2023-2024 mettant les jeux de pouvoir à l’honneur. Pour en parler, nous avons rencontré le directeur de l’institution, Aviel Cahn.
La saison 2023-2024 est placée sous la thématique du pouvoir. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce qui vous a mené à ce choix ?
Au Grand Théâtre, l’un de nos objectifs majeurs est de moderniser l’opéra et le ballet, et cela passe par un lien direct avec le temps présent. La thématique Jeux de pouvoir s’est décidée au fur et à mesure que la programmation se construisait, et entre parfaitement en adéquation avec notre actualité. Quand nous avons fait le total des œuvres qui allaient être présentées cette prochaine saison, le pouvoir s’est révélé présent dans quasiment chacune d’entre elles, à un niveau d’intensité plus ou moins important, qu’il soit politique, ou inscrit dans un cadre plus intime. Le thème est d’une certaine manière tombé sous le sens, avec un programme rassemblant des opéras tel que Don Carlos, ou encore notre création mondiale, Justice, qui sera présentée pour la première fois sur scène au début de l’année 2024. Et comme je le disais plus tôt, le Grand Théâtre a pour volonté de s’inscrire dans son actualité, d’accueillir des opéras et des ballets qui viennent refléter notre monde actuel. Je pense qu’avec ce que nous vivons en ce moment, la thématique du pouvoir est totalement adaptée.
Je pense qu’avec ce que nous vivons en ce moment, la thématique du pouvoir est totalement adaptée.
Vous évoquiez tout à l’heure une création mondiale au Grand Théâtre de Genève, pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Il s’agit de Justice, une création mondiale réalisée en coproduction avec le Festival Tangente St. Pölten, d’après un scénario de Milo Rau. Le metteur en scène suisse crée en s’ancrant dans l’actualité, et son second opéra ne fait pas défaut à ce leitmotiv. Justice nous emmène en République démocratique du Congo, quelques années en arrière, en 2019, lorsqu’un camion citerne rempli d’acide destiné aux minerais entre en collision avec un bus, résultant en la perte de vingt vies humaines et de nombreux blessés. Ce n’est cependant que le premier acte de ce drame, car l’acide se déverse, rejoignant la rivière avoisinante. Cette tragédie nous est alors racontée à travers les jeux de pouvoir qui prennent place entre gouvernement, ONG, multinationales et populations locales. Pour raconter ce drame, Milo Rau a fait appel à l’écrivain congolais Fiston Mwanza Mujila, ainsi qu’au compositeur Hèctor Parra. Cet opéra est la quintessence du travail de Rau, mêlant enquête sociohistorique, récits humains, mais aussi un fort caractère documentaire visant à partager des informations parfois méconnues du grand public. C’est une création que j’invite chacun à venir découvrir.
Le Grand Théâtre de Genève s’inscrit dans une véritable démarche de modernisation, et cela passe également par la scénographie des opéras et des ballets. Cette année encore vous faites appel à des artistes contemporains, qu’est-ce qui motive ces partenariats ?
Les artistes visuels et contemporains sont des créateurs absolus. Ils portent sur l’opéra et le ballet un regard nouveau et différent, reliant les arts entre eux, et conférant un caractère unique à nos productions. Pour la saison 2023-2024 nous accueillerons de grands noms de l’art contemporain, à l’image de Marina Abramović qui réalisera le concept et la scénographie du célèbre ballet du Boléro de Ravel. Autre incontournable de la scène artistique internationale, Adel Abdessemed pour Saint François d’Assise, ou encore Anthony Gormley à la scénographie de Noetic. Leur approche participe fortement à l’ancrage de notre programmation dans le présent.
Pour vous, quelle est la meilleure façon de profiter pleinement de la programmation du Grand Théâtre ?
Sans aucun doute, l’abonnement. Le Grand Théâtre propose de nombreuses formules s’adaptant aux envies et aux budgets, mais permettant avant tout de se donner rendez-vous avec la culture. En optant pour l’abonnement, nos spectateurs ont la garantie de ne rater aucun des spectacles qu’ils désirent voir, et bénéficient également d’un traitement privilégié. Mais l’avantage principal reste cette facilité à se donner rendez-vous avec soi-même pour une soirée en famille, entre amis, autour de l’opéra et du ballet.
Propos recueillis par Aurore De Granier
