Publié le 1 septembre 2025
Giordano Poloni, l'artiste italien derrière la couverture de notre numéro #78 !
Crédit photo : THE SUN WON'T SET digital art © Giordano Poloni
Portfolio

Giordano Poloni, l'artiste italien derrière la couverture de notre numéro #78 !

Du cinéma en images
Art
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Des rues vides, des lumières rasantes, un air de cinéma : les illustrations de Giordano Poloni racontent toujours une histoire. Installé à Milan, Giordano Poloni façonne des illustrations comme des plans-séquences. Formé au cinéma, il débute dans le montage et le motion design publicitaire avant de s’orienter vers l’illustration en 2006. Son style graphique et ciselé, influencé par la bande dessinée, le clip, le cinéma et la photographie, séduit rapidement la presse internationale — The Guardian, Scientific American, Wired UK — ainsi que plusieurs grandes maisons d’édition. Enseignant à la Scuola Internazionale di Comics et au MiMaster Illustrazione, Poloni poursuit la construction d’un univers visuel immédiatement identifiable, où la lumière tient autant de place que la ligne.

À l’occasion de sa couverture pour ce nouveau numéro de MokaMag, intitulée The Sun Won’t Set, il nous a accordé un entretien.

Crédit photo : BABEL digital art © Giordano Poloni

Quel a été ton parcours ? As-tu toujours su que tu voulais devenir artiste ?

J’ai étudié la cinématographie à l’université, puis j’ai com- mencé à bosser pour des boîtes de production comme monteur pour des pubs et des clips musicaux. Après, je suis devenu motion designer, et finalement, je suis arrivé à ce que je fais aujourd’hui. Une courte période de chômage

Crédit photo : PROPRIO QUELLA NOTTE DE TOBIAS WOLFF X ÉDITIONS RACCONTI digital art / couverture de livre © Giordano Poloni

m’a donné le temps de m’essayer à une passion que j’avais depuis toujours, mais que je n’avais jamais pratiquée : le dessin. Depuis 2010, je travaille comme illustrateur, et c’est devenu mon seul métier. Je ne suis pas sûr d’avoir toujours voulu être artiste. J’ai surtout eu une passion pour la bande dessinée depuis l’enfance, ce qui m’a donné envie de tenter cette carrière, mais assez tard. Comme on dit, mieux vaut tard que jamais, et me voilà artiste.

Si tu devais décrire ton univers en quelques mots, quels seraient-ils ?

Je choisirais trois mots : coloré, sombre et léger.

Quand tu commences une nouvelle illustration, par quoi débutes-tu ? Quelle est ta méthode ?

Je cherche l’inspiration un peu au hasard, sans me fixer sur un seul truc. J’aime souvent partir d’un objet que j’ai vu, puis construire un univers autour pour créer quelque chose de rien. Perso, je n’aime pas trop me baser sur la logique ou la raison ; je laisse plutôt mes sensations et mes pensées me guider jusqu’à trouver ce que je cherche. Comme je l’ai dit, j’essaie de me concentrer sur un objet comme point de départ pour construire le reste de l’illu. Après, je fais quelques croquis rapides pour décider de la direction à prendre jusqu’à l’image finale.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Mes inspirations viennent surtout du cinéma, de la photo et de la

BD. Je pense que le style d’un artiste est à moitié un mélange conscient de recherches basées sur ce qu’il aime, et à moitié quelque chose qui vient naturellement de l’intérieur, un truc qu’il faut accepter et laisser grandir, un peu comme un enfant. J’ai commencé à lire et collectionner des BD gamin, et j’ai étudié la cinématographie, donc j’ai intégré l’ambiance et les compositions typiques des films que j’aimais, ainsi que la manière de condenser toute une histoire en une image. J’adore cristalliser en un seul plan une histoire potentielle.

Crédit photo : THIS GOOD AGAIN X RIPIDO FESTIVAL digital art © Giordano Poloni

Y a-t-il un sujet, un thème ou une scène que tu aimes particulièrement représenter ? Pourquoi ?

J’aime dessiner des paysages parce que c’est apaisant et ça me permet d’expérimenter avec la lumière, ma vraie passion, car elle transmet des émotions profondes.

Tu as réalisé la couverture de ce numéro de MokaMag avec une illustration intitulée The Sun Won’t Set. Peux-tu nous raconter l’histoire ou l’intuition derrière ce travail ?

Cette illustration résume tout ce que je suis et ce que j’ai vécu. Elle capture l’un des plus beaux moments de ma vie, l’adolescence, avec en toile de fond une autre image qui m’a marqué : l’Amérique des années 80, les films hollywoodiens. On était un groupe de skateurs, et je me souviens toujours de cette lumière insouciante et de l’odeur de l’été. Cette image est une capsule de souvenirs et de bonheur.

Quel outil ou quelle technique préfères-tu utiliser ?

Je travaille toujours avec Illustrator, en faisant quelques retouches sous Photoshop pour créer une texture qui ressemble à une peinture météorique.

Quel est l’élément absolument essentiel dans ton processus créatif ?

Les couleurs. Ce sont elles qui donnent vie à toutes mes œuvres.

Ton espace de travail : c’est plutôt un atelier en bazar ou un bureau minimaliste ? Qu’est-ce que ça dit de toi ?

J’ai bossé quelques années en studio, mais je suis assez minimaliste : un bureau me suffit. Aujourd’hui, je travaille chez moi ou un peu partout, je n’ai pas besoin d’un espace spécialement aménagé qui m’inspire.

Crédit photo : L.A. BY NIGHT digital art © Giordano Poloni

Quel artiste t’inspire ou t’accompagne en ce moment dans ton travail ?

Emiliano Ponzi a été une grande inspiration pendant longtemps. Mais si je dois citer deux noms que j’adore en ce moment, ce sont Antoine Maillard et David de las Heras.

Tu as illustré beaucoup de couvertures, pour des romans comme pour des albums. Comment abordes- tu ce type de commande où il faut souvent traduire un univers entier en une seule image ?

Les couvertures de livres sont toujours assez complexes, car il faut résumer un monde, une histoire, en une image et réussir à transmettre, soit clairement, soit par sensations, l’ambiance du récit. Généralement, je cherche une scène qui a le plus d’impact émotionnel. Si je ne la trouve pas dans l’histoire, j’invente une représentation assez fidèle.

Ton travail est très narratif, presque cinématographique. Tu imagines des histoires en dessinant ? As-tu déjà pensé à créer une BD ou un film ?

Oui, parfois j’imagine une scène qui vient d’une histoire po- tentielle ; cette histoire n’est peut-être pas rationnellement dans ma tête, mais elle existe, et je peux la condenser en une seule image. Je me demande où vont les person- nages, ce qu’ils font, ça me permet de leur donner vie, de ressentir quelque chose, et j’essaie de transmettre ça. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’écrire une BD, mais ayant étudié le cinéma, je suis plutôt tenté d’imaginer un projet dans ce domaine. J’ai un scénario à moitié écrit, et j’essaie de voir si je peux le finir pour en faire quelque chose !

Propos recueillis par Carole Cailloux

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