Découvrez Blanche, le roman graphique de Maëlle Reat

Blanche, 58 ans, a une collection de 200 anges qui veillent sur elle. Dans cette BD éponyme, sa fille nous raconte une histoire de vie hautement intime. Blanche fait partie de ces récits intenses et essentiels, que l'on repose le cœur lourd et les yeux embués une fois fini.

J'ai Maëlle Reat dans le viseur depuis son tout premier album et je n'avais aucun doute qu'un jour ou l'autre elle deviendrait grande. Avec Blanche, c'est fait en 3 coups. Elle nous met KO en racontant sans tabou l'histoire de sa mère qui a contracté le VIH a 19 ans. Ce qui marque avant tout c'est sa détermination à mener une vie comme tout le monde, à fonder une famille malgré la maladie.

Construit sur la base d'une conversation, l'album permet de ressentir la complicité inouïe des deux femmes. Il est très émouvant d'assister au déroulement de ces « sessions bla-bla tisanes » comme elles les appellent, et de découvrir en même temps que Maëlle, plein de détails sur la vie mouvementée de sa mère. Tout comme nous, l'autrice en apprend elle aussi beaucoup sur sa maman lors de ces discussions sans fard. C'est une joie pour nous d'être intégré.e.s à tout cela comme si nous étions des proches autour de leur table de salon. On se sent pleinement concerné.e.s par le sujet dans ce récit d’une sincérité palpable. Dans ce dialogue puissant et délicat, l'on ressent toute la tendresse qu'elles se portent ainsi que l'admiration sans limite d'une fille pour sa mère.

Les années passent et laissez-moi vous dire que Blanche va bien. Malgré la maladie, cette femme qui ne s'est jamais résigné ni même apitoyé sur son sort, mène sa vie presque comme elle l'entend. 3 enfants au compteur, un job qui lui plaît et en recherche d'un amour sincère, Blanche s'estime pas mal lotie. Mais depuis toutes ces années il a fallu affronter les méfiances, les jugements voire le dégoût. Accepter de faire peur et de faire fuir malgré tout l'amour que l'on a à donner. Les mentalités, comme les traitements évoluent lentement et au cœur des années 80, le SIDA effraie.

Si de nos jours, la maladie se fait plus discrète, Blanche a découvert sa séropositivé en plein boom du « cancer gay ». Dans une période qui sentait fort la panique à bord.

À aucun moment l'album ne se veut un jugement sur le comportement adolescent de Blanche, jeune fille mal- heureuse à qui la détresse a fait faire bien des bêtises de jeunesse. À l'inverse, on est dans l'empathie et la compré- hension totale envers cette gamine aux parents toxiques. Problématiques familiales, sociales, médicales, cet album brasse bien des sujets houleux avec beaucoup de lucidité.

Certains albums frappent fort. Blanche en fait partie. Une confession graphique, bouleversante, essentielle. Un album militant tout autant qu'un appel à la prévention.Depuis l'apparition du SIDA jusqu'aux traitements actuels, cette BD est un éclairage nécessaire et on ne peut que 107 féliciter l'autrice d'être parvenue à traiter ce sujet tout en pudeur et en douceur.

Maëlle Reat a choisi le rouge et le blanc, deux couleurs hautement symboliques dans la vie de sa mère. Ces nuances de rouge rehaussent un dessin aérien et léger. Un trait épuré pour une histoire lourde mais au final heureux.

J'en ressors ébahie par le parcours de vie de Blanche, combattante à l'énergie et à la détermination infinie ainsi que par le talent de Maëlle. Nul doute que la fierté qu'elles ressentent l'une pour l'autre est mutuelle.

Pour conclure, je ne peux que vous inciter à venir rencontrer Maëlle Reat qui sera présente à la librairie le jeudi 9 octobre entre 15h et 18h pour une séance de dédicaces. 

Gaëlle Coustier