Publié le 22 mai 2025
COCOON, rencontre avec Mark Daumail, pour la sortie de son nouvel album "What We Leave Behind"
Crédit photo : Julien Mignot

COCOON, rencontre avec Mark Daumail, pour la sortie de son nouvel album "What We Leave Behind"

détruire pour créer
Musique
|
Folk, Interview

Rencontre avec Mark Daumail, alias Cocoon, à l’occasion de la sortie de What We Leave Behind, son dernier album paru il y a quelques semaines. Une ode intime et organique à la résilience, aux souvenirs et à la beauté du chaos. 

Votre nouvel album, What We Leave Behind, sonne comme une mue artistique. Peut-on parler de rupture ou plutôt de renaissance ?
Oui, clairement d’une renaissance ! Ce disque est une photographie de la fin d’une époque. Il est l’objet d’une réflexion profonde, de comment rendre Cocoon encore pertinent 20 ans après sa création. J’ai décidé de tout changer et de tout trier, entre ce qui est encore intéressant pour moi en tant qu’artiste, ce qui est en phase avec mon époque et moi-même, et ce qui ne l’est plus du tout. J’ai remis la créativité au centre de tout, en écrivant une chanson par jour, que ce soit pour moi ou d’autres artistes.

Une discipline quotidienne, mais comment êtes-vous passé à l’album ?Pour vérifier si ces ébauches pouvaient former un disque, j’ai envoyé les premiers jets à Renaud Letang - producteur star aux multiples récompenses - avec qui j’ai toujours rêvé de bosser. Il m’a rappelé immédiatement pour me dire : “C’est mauvais ce que tu es en train de faire.” J’ai adoré cette franchise, parce qu’au fond de moi je le savais. Il avait évidemment raison. Après un temps de réflexion, j’ai décidé de changer complètement d’approche. Nouveau lieu, nouvelles méthodes, envie viscérale de faire un album brut, sans filtres. What We Leave Behind est né de cette urgence, de cette nécessité d’aller au bout de mes émotions. C’est un album qui me ressemble vraiment. Certaines chansons sont tristes, d’autres plus lumineuses. Mais elles sont toutes vraies.

Le titre évoque ce qu’on abandonne… Qu’avez-vous laissé derrière vous ? Beaucoup de choses. Des peurs, des amours, des souvenirs, des personnes aussi… Ce disque est personnel, mais je pense qu’il peut parler à tout le monde. On traverse tous ces moments de bilan. J’ai quitté un lieu, une relation, même une certaine idée de Cocoon. Mais j’ai gardé l’essentiel : l’amour de la musique, des mélodies, des émotions, une fragilité assumée. Ce disque parle de ce qu’on laisse, mais aussi de ce qu’on transmet.

Le processus de création semble radical. On parle de bandes passées au four, congelées, laissées sous la pluie…
Oui, j’ai eu besoin de casser les codes, littéralement. De salir un peu ma musique, de la rendre plus brute, plus crade — mais dans le bon sens du terme. Pour retrouver quelque chose de vrai, d’authentique.À l’heure où l’IA occupe de plus en plus d’espace dans la musique, je voulais faire l’inverse : du vivant, de l’imparfait. J’ai brûlé des cassettes, congelé d’autres, laissé certaines sous la neige ou sous la pluie. Puis j’ai composé avec ce qu’il en restait. Impossible de revenir en arrière. Et je ne voulais surtout pas enregistrer 100 fois jusqu’à ce que ce soit “parfait”. Je cherchais le grain, l’accroc, l’unicité, et l’impossibilité de reproduire. Abîmer le son, c’était aussi une manière de le rendre réel, tangible. Aujourd’hui, on entend de plus en plus de musique créée avec l’IA. Le son est devenu lisse, désincarné. Or, la musique, c’est du réel : ça vibre dans l’espace, dans les corps. On peut tromper l’esprit, mais pas les sensations.

On retrouve dans vos inspirations des figures comme Dylan, Springsteen, Frank Ocean… Qu’ont-ils en commun selon vous ?

Ce sont des artistes qui ont osé les virages, qui ont assumé d’être crus, vulnérables, intimes. Ils partagent aussi ce goût pour une certaine distorsion du son, une rugosité volontaire. Ils ne trichent pas. Même leurs silences ont du sens. Celui qui m’a le plus guidé sur cet album, c’est Dylan. Un maître. Personne ne fait des chansons comme lui.

Quels morceaux vous tiennent particulièrement à cœur dans cet album ?

L’album s’ouvre sur le noir absolu, puis traverse des zones d’ombre, pour à la fin retrouver la lumière. Je le vois comme le projet le plus abouti de ma carrière : chaque mot est pesé, chaque texture sonore travaillée. C’est aussi le plus humain et vivant que j’aie jamais fait. Ce disque, c’est un peu une photo de moi à 40 ans. Mon fils, s’il se demande un jour ce que faisait son père à cette époque, aura la réponse en écoutant l’album. C’est une manière de laisser une trace. Ça peut sembler un peu naïf, mais je trouve ça beau…

La scène vous a manqué ? Vous serez bientôt à Paris et Lyon…J’ai envie de retrouver mon public. Et de rejouer dans des salles qui laissent la musique respirer. Je veux aller à contre-courant du schéma classique : éviter le sempiternel batteur, basse, guitare, chanteur qui refait l’album sur scène. Je veux créer un son en direct avec le public. Créer une vraie rencontre.

Vous avez aussi fondé un label, Yum Yum Records. Par besoin d’indépendance ?

Oui, mais pas que. C’était aussi un désir de transmission. Soutenir de jeunes artistes, leur offrir un espace d’expérimentation sans crainte du résultat. Ça m’a permis de grandir aussi. Parce qu’en aidant les autres à trouver leur voix, on affine la sienne.

 

Propos recueillis par Carole Cailloux

 

What We Leave Behind (Yum Yum Records), sorti le 25 avril 2025


En concert : Paris – Salle Pleyel – 22 janvier 2026 | Lyon – Auditorium – 14 février 2026

Créer, c’est ce qui me maintient en vie 

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