Rencontre avec Alizée Demely, responsable de la programmation culturelle de la salle EMC2 de Chamonix, qui décortique avec nous l’identité de cette nouvelle saison riche et variée.
Dès le départ, quelle ligne directrice avez-vous voulu implémenter dans cette nouvelle saison ?
Notre volonté était claire : il fallait casser les codes, mélanger les genres, proposer quelque chose de nouveau. La scène de Chamonix est réputée pour sa programmation en musique classique et en opéra, qui restent à l’évidence présents, mais en étudiant la démographique de notre public nous avons réalisé que les plus jeunes ne fréquentaient que rarement les lieux. De ce constat est née l’envie de proposer des spectacles qui soient également adaptés à leurs goûts. La pluridisciplinarité est donc au centre de cette saison, mais elle ne se retrouve pas seulement dans la diversité des spectacles.
En effet, au sein d’une même création les disciplines se mélangent, à l’image de la danse et du théâtre dans le spectacle Prohibition, qui revient sur cette partie de l’histoire des États-Unis avec sur scène des acteurs et danseurs de swing. Nous avons aussi eu envie de revisiter les classiques, en choisissant notamment Carmen réinterprétée en Car/men par Philippe Lafeuille qui parvient à conjuguer opéra et humour.
Ce choix dans la programmation découle-t-il directement d’une volonté de rendre la culture plus accessible ?
En effet, l’accessibilité est une notion fondamentale pour nous qui nous a mené à étudier nos publics, à comprendre leurs attentes, mais aussi d’aller à la rencontre des personnes qui ne se rendent pas dans notre salle de spectacle.
L’accessibilité passe par le tarif des places, notion à laquelle nous répondons en proposant des représentations à 12€, mais pas seulement. Rendre la culture accessible c’est aussi comprendre ce que le public souhaite découvrir. En interrogeant des adolescents et des jeunes adultes, un public représentant un plus faible pourcentage, nous avons pu mieux cerner leurs attentes et proposer une programmation répondant également à ces envies. Par exemple, leurs réponses nous ont appris que le hip hop ou encore le slam étaient des formes artistiques particulièrement attrayantes à leur yeux. Le 28 mars nous accueilleront alors le spectacle FugaCités, une rencontre entre la musique baroque et les cultures urbaines.
L’accent sur la jeunesse est également mis à travers les actions que nous menons au sein des établissements scolaires. Cette année nous accueillerons huit représentations leur étant dédiées. Pour aller plus loin dans la démarche, l’artiste de slam du projet FugaCités, Mehdi Krüger, animera en plusieurs sessions sur le courant de l’année un atelier pour permettre aux élèves d’écrire leurs propres textes, puis de les enregistrer avec un groupe de musique baroque de l’école de musique, créant leur propre version du spectacle d’une certaine façon.
Avant la création de l’espace EMC2, les arts de la rue tenaient une place de choix dans l’univers culturel de Chamonix. Où se situent-ils aujourd’hui ?
Oui l’art de rue a toujours été très important à Chamonix, et depuis l’ouverture de la salle il est vrai que l’accent a été mis sur des spectacles se jouant sur sa scène. Mais cette année nous avons désiré renouer avec cette partie de la culture et nous proposerons donc également du théâtre de rue, accessible gratuitement sur l’espace public.
Pouvez-vous nous citer quelques temps forts de cette saison ?
L’une de nos grandes fiertés est d’accueillir le groupe de métal Ultra Vomit. C’est un groupe très populaire qui a joué sur les scènes de plus grands festivals dédiés au genre, à l’image du Hell Fest.
Ce fut un travail de longue haleine pour les accueillir ici, mais après deux années de projet ils se produiront enfin à Chamonix. Le métal est un genre à part entière, à l’origine de communautés de fans très fortes. Programmer Ultra Vomit c’est alors permettre à notre scène de rayonner en attirant un public venu de chez nous, mais aussi de bien plus loin. Autre temps fort de la saison, Les gros patinent bien, un spectacle humoristique hors du commun qui prend la forme d’un cabaret en carton - 1500 cartons pour être précise ! Enfin nous accueillerons Le Cercle des poètes disparus, nominé à six Molières cette année et en ayant décroché deux. C’est LE succès de l’année, et nous sommes très fiers qu’il puisse être joué sur nos planches.