Publié le 1 mars 2022
Belfast
Crédit photo : © Rob Youngson / Focus Features

Belfast

Film mélancolique sur fond de violence
Cinéma
|
Drame

L’ autobiographie de Kenneth Branagh

C’est un film qui nous surprend par la tendresse et la chaleur qu’il dégage. Kenneth Branagh parvient dans son dernier long métrage, sobrement intitulé Belfast, à nous faire partager sa vie à travers une autobiographie touchante, tout en offrant une plongée dans les Troubles de l’Irlande du Nord de l’année 1969. Au coeur de cette histoire un dilemme se dégage, une question rarement abordée, mais qui pourtant était celle qui allait tarauder tous les irlandais à cette époque : faut-il quitter Belfast, et si oui, quand ?

Le synopsis

Belfast, 1969. Un homme, interprété par Jamie Dornan qui vit avec son épouse, jouée par Caitríona Balfe, dans un quartier protestant de la ville passe de l’Irlande à l’Angleterre où il travaille comme charpentier durant la semaine pour rembourser une dette. Sous leur toit vivent leurs deux enfants Will, joué par Lewis McAskie et Buddy, campé par le jeune Jude Hill, ainsi que leurs grands-parents, Judi Dench et Ciarán Hinds pour les incarner. Une belle et grande famille qui fait face aux aléas de la vie dans une interprétation poignante et réaliste du quotidien.

Un quotidien qui se voit chamboulé quand la mère de famille décide d’écrire au créancier pour s’assurer que la totalité de leur dette a enfin été réglée. Réponse négative, ils doivent encore rembourser 500 £. Dès lors, le ton est donné. Pas de glamour ni de beauté dans cette scène, mais une réalité dure et laide qui ne peut qu’être vraie, trop loin du vernis du 7ème art. En toile de fond, les violences des Troubles se succèdent, les catholiques et les protestants s’affrontant dans des batailles sanglantes dans les rues de Belfast, les incendies qui se multiplient, le gangstérisme omniprésent dans la ville irlandaise qui malgré tout continue de vivre, de respirer. Et au milieu de ça, Buddy, un jeune garçon qui grandit au milieu de ce monde chamboulé.

Autobiographie sur fond historique

L’histoire se dévoile sous nos yeux à travers le regard de ce plus jeune enfant, Buddy, interprété par le jeune Jude Hill, véritable révélation. On devine rapidement que derrière ses traits de blondinet innocent se cache Kenneth Branagh, grandissant entre deux mondes. D’un côté une famille aimante, loin d’être parfaite non, mais présente, qui danse, qui chante, qui rit. De l’autre, les rues remplies de dangereuses surprises, la crainte, alors que le jeune homme grandit. Le thème du passage à l’adolescence se laisse explorer par le premier amour, le désir d’émancipation, mais aussi les premières séances de cinéma qui allait faire de lui le réalisateur que nous connaissons aujourd’hui, shakespearien et accessible à la fois.

C’est un Bildungsroman tourné en 35mm, en noir et blanc, avec une direction photographique exceptionnelle que l’on doit lui reconnaitre. Au-delà du quotidien, des joies simples, des premières déceptions, c’est toute une partie de l’histoire irlandaise qui s’écrit dans les rues, et laisse la famille du jeune Buddy dans l’incertitude. D’un côté leur vie, leur ville, de l’autre la promesse d’une vie meilleure, ailleurs.

Pourquoi on aime ?

Même si l’action occupe une place à part entière dans ce film prenant pour sujet une époque des plus tourmentées qu’a connu l’Irlande, le scénario reste simple. Une famille, son histoire, un jeune qui grandit dans un monde de violence et d’incompréhensions. Mais Branagh parvient à faire pénétrer dans cet univers quelque chose de plus fort, mêlant sensibilité et mélancolie. Certains critiqueront la faible place laissée à la politique dans le scénario, présente certes, mais pas centrale. Mais souvenons nous qu’il s’agit d’une autobiographie, l’histoire ne servant que de toile de fond à une vie. Une vie peut-être trop idéale pour cette époque ? C’est la question qui nous taraude tandis que le jeune Buddy bondit joyeusement dans la rue, où quelques heures plus tard une nouvelle famille de catholiques subira peut-être le pire. Le caractère nostalgique du long métrage efface peut-être trop la réalité de l’époque. Malgré tout, on se laisse volontiers entrainer dans une culture et un monde du passé, Van Morrison dans les oreilles, Belfast en véritable cauchemar chaotique vu à travers les yeux d’un enfant. Malgré l’horreur la vie continue, et malgré tout une question qui persiste et qui hante : quand partir ? À vous de trouver la réponse.

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