Publié le 15 décembre 2018
MATHIS DUMAS

MATHIS DUMAS

L'objet virevoltant non identifié
IMAGES
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Photographie, Interview

Mathis Dumas, 24 ans, est un OVNI. Un Objet-Virevoltant-Non-Identifié qui gravite dans l’univers de la montagne sans que l’on puisse définir avec précision l’orbite dans laquelle il évolue.
Étoile montante de la photographie, comète filante dans le sport de haut niveau, astre influant de la nébuleuse Instagram et futur guide de la céleste haute montagne, sa trajectoire est aussi singulière que son profil est unique.

L'ATHLÈTE
C’est par là que tout commence. La porte d’entrée qui lui ouvre une fenêtre sur le monde de l’outdoor. Ardéchois de naissance mais chamoniard d’adoption, il décide de quitter sa terre natale pour les Alpes dès la fin du collège afin de poursuivre ses rêves de carrière à haut niveau en cascade de glace. Une discipline anonyme mais extrême dont il participe à plusieurs manches de Coupe du Monde. Son cursus universitaire mené en alternance à la Compagnie du Mont-Blanc le détourne pourtant peu à peu des compétitions, mais pas de la montagne. Celle-ci devient un véritable terrain de jeu, peu importe la pratique, peu importe la saison : « L’adrénaline du dossard ne me manque pas car je l’ai remplacé par une approche hyper pluridisciplinaire. Je suis devenu un touche-à-tout qui se débrouille dans pas mal de sports. » Et sans fausse modestie cela donne quoi⁄?  « On peut considérer que j’ai un très bon niveau en ski et cascade de glace, alors que le parapente, l’escalade et le VTT, c’est plus une passion. »
Et c’est cette faculté à se mouvoir facilement et rapidement en montagne qui va lui offrir son principal avantage concurrentiel dans son nouveau métier. Un passé à haut niveau qui sert son présent de photographe. « Être ainsi performant m’offre de la crédibilité. Je peux suivre les athlètes dans leur milieu naturel sans que cela implique trop de contraintes logistiques. Je suis alors immergé dans leur monde, pleinement acteur, et non spectateur. » Mathis souligne également un autre atout non-négligeable : « Je me suis rendu compte que chaque sport a ses propres codes, et que si tu ne les maitrises pas un minimum, c’est difficile d’y être sensible et d’en saisir la beauté. Franchement, si tu me proposes de shooter du volley-ball, je ne serai clairement pas à l’aise ! »

LE PHOTOGRAPHE
Sa vocation de photographe naît d’une lune de miel assez improbable avec son premier Nikon D5000, mais toujours en lien avec son statut d’athlète : « Je me suis mis à la photo pour montrer à mes parents ce que je faisais en montagne, car ils ne sont pas du tout initiés à ce milieu. » Il fait alors la rencontre d’Alexandre Buisse et Dan Patitucci, « 2 mentors qui m’ont tout enseigné ». Autodidacte, il apprend sur les bancs de la meilleure école, celle du terrain. Loin d’être une ambition initiale, son avenir dans la profession se dessine petit à petit, naturellement : « Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. Au début, je me considérais même plus comme un grimpeur avec une caméra en main. Jusqu’à ce que l’on me sollicite sur quelques shootings… » Le cercle vertueux est amorcé, tout s’enchaine rapidement. Un aperçu de son année passée ? Des shootings aux quatre coins du planisphère, du Canada aux Iles Féroé, des Dolomites au Pérou en passant par les Lofoten. De quoi rhabiller Jules Vernes et son Tour du monde en 80 jours.  Son leitmotiv ? : « Ce qui me plait plus que tout, c’est réussir à figer ce moment unique où l’athlète réussit une performance incroyable. »

L'INFLUENCEUR
Deux éléments d’époque permettent au jeune photographe de connaître une ascension assez fulgurante et font grimper deux par deux les échelons de la profession à ce féru d’escalade : « le matériel nomade et les réseaux sociaux ». Le progrès des smartphones et autres Go Pro, « qui suffisent amplement dans 90% des situations », offre un moyen d’expression à son talent lorsqu’Instagram lui assure une caisse de résonance. Mathis est d’ailleurs lucide au sujet de cette plateforme numérique sur laquelle il compte désormais 60 000 abonnés, auxquels il expose quotidiennement ses clichés : « Clairement, c’est une super vitrine et un accélérateur de carrière non-négligeable. Ça m’a permis de me faire connaître et m’a ouvert des opportunités. » Lucide jusqu’au point d’assumer ce statut d’influenceur sur lequel certains jettent la pierre : « C’est valorisant d’influencer une communauté qui apprécie ce que tu fais, qui aime ta vision de la montagne, surtout dans la mesure où ces personnes savent que je pratique vraiment, que ce n’est pas du fake… » Une visibilité digitale qui suscite d’ailleurs l’appétit des marques spécialisées, friandes de ce genre d’ambassadeur qualifié. En fait, après rélfexion, ce pouvoir d’influence découle assez logiquement de sa philosophie : « l’envie de partager ». Numériquement.

LE GUIDE
Cette « envie de partager », ce désir de « ne pas vivre la montagne seul » pourraient sonner comme un discours de façade, un slogan marketing. Sauf qu’un dernier aspect, certainement celui dont il est le plus fier tellement l’enthousiasme semble poindre à chaque fois qu’il l’évoque, confirme cette ambition simple et humaine : « Je suis actuellement en formation de guide de haute montagne à l’ENSA (École Nationale de Ski et d’Alpinisme)  Je suis encore aspirant, ce qui signifie qu’il me reste énormément de choses à apprendre. » Élevé au son des récits de Roger Frison-Roche, biberonné à l’esprit de cordée, il justifie ce choix de vie par « le statut et l’aura » qui enveloppent la communauté de ces alpinistes aguerris mais surtout par « la sensation magique qui accompagne le fait de faire vivre des moments uniques à ses clients dans un environnement privilégié. » Prenant du recul sur sa reconversion, il admet, songeur : « Le sportif voit la montagne comme un défi, une performance. Il ne pense qu’aux choses dures. Le guide lui ne pense qu’aux choses belles… » Et là, c’est l’athlète, le photographe ou l’influenceur qui parle ?

5 CONSEILS POUR RÉUSSIR VOS PHOTOS DE MONTAGNE

Composer son image
« Certes, en photographie, il y a une grande part d’intuition et de spontanéité car il s’agit de capturer un instant fugace. Mais il ne faut pas négliger non plus la composition de l’image. Ne pas hésiter à prendre un temps de réflexion. En effet, le cadrage, c’est à dire visualiser et anticiper ce qui va être saisi par mon objectif, est primordial. »

Respecter la « règle des tiers »
« Il y a quelques règles assez simples à avoir en tête et qui permettent d’assurer un minimum d’harmonie à la photo. La plus basique, pour les clichés de paysage, c’est la règle des tiers. C’est comme un nombre d’or : mettre un tiers de ciel bleu et deux tiers de montagne, ou l’inverse, mais toujours respecter ces proportions. »

Optimiser les « points de force »
« Prenez une photo, divisez-la en trois par des lignes verticales, puis faites la même chose avec des lignes horizontales. Vous obtenez alors 9 carrés de tailles plus ou moins semblables. Les 4 points d’intersection de ces lignes sont considérés comme les « points de force » de la photo, c’est à dire les endroits où les éléments qui composent l’image sont les plus percutants. »

Savoir lire une image
« L’oeil humain suit un schéma universel lorsqu’il analyse une photo : il respecte un sens de lecture qui ne varie que très rarement. Grossièrement, le regard dessine un « Z ». Tu commences par lire l’image en partant d’en haut, de la gauche vers la droite, puis tu descends en diagonale, pour à nouveau suivre une trajectoire de lecture latérale, de la gauche vers la droite. Si tu veux absolument mettre en avant un élément, il faut donc idéalement le placer dans le quart supérieur gauche de ta photo… »

Éditer sa photo
« Une photo est faite pour être montrée. Il ne faut pas donc pas hésiter à les développer pour en saisir tout le potentiel. Avant cela cependant, quelques applications très simples d’utilisation te permettent de retoucher l’image avant son impression, de corriger les imperfections, de travailler la colorimétrie, d’y apposer ta signature… La seule limite, c’est ton imagination. En fait, éditer c’est retoucher, mais sans déformer la réalité. »

Texte : Baptiste Chassagne
Photos : Mathis Dumas

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